"The grand budapest hotel" notre sortie au Katorza lundi 10 mars


THE GRAND  BUDAPEST HOTEL

De Wes Anderson
Avec Ralph Fiennes, F. Murray Abraham, Mathieu Amalric...

Durée : 1h40 Année : Nationalité : Usa Version : VO

Le film retrace les aventures de Gustave H, l’homme aux clés d’or d’un célèbre hôtel européen de l’entre-deux-guerres et du garçon d’étage Zéro Moustafa, son allié le plus fidèle. La recherche d’un tableau volé, œuvre inestimable datant de la Renaissance et un conflit autour d’un important héritage familial forment la trame de cette histoire au cœur de la vieille Europe en pleine mutation....

NOS COMMENTAIRES

Christine
Éblouissant, la musique, des images magnifiques, l'intrigue , les acteurs, tout y était.
A recommander , merci Alain pour nous avoir conviés à ce super moment de cinéma.

Elise
C'est un ovni ce film... J'ai adoré l'humour potache mais aussi par moment noir : la tête que l'officier sort du panier, les bouts de doigts qui tombent par terre, le chat qui est défenestré... Quel horreur ! Mais c'était drôle malgré tout...
J'ai trouvé aussi qu'il y avait une ambiance particulière : de part les décors, l'hôtel, les extérieurs, à aucun moment on ne se trouve dans la réalité : c'est un monde totalement imaginaire... Le choix des personnages tout aussi originaux les uns que les autres y contribue surement aussi... Enfin, ce que j'ai ressenti c'est d'être plongée dans un autre monde...
Quant à l'histoire, il y a beaucoup d'action, et c'est très bien fait car on part vraiment sur les pas de nos deux héros, mais le suspens, lui, est très relatif: dès le début, lorsque l'enveloppe est placée derrière le tableau, on comprend à peu près le dénouement...
Ah si, petit bémol : le sous-titrage était quand même très rapide ! j'avoue qu'assez souvent, je n'avais pas la fin de la phrase... En tout cas, un sacré exercice de concentration...
Mais une super séance, un très beau film, à voir et à revoir...surement....

Bernadette
Un fond historique des plus sérieux pourtant....Mais un choix du traitement de l’intrigue sur un mode burlesque/absurde (?), très bien fait. Je me suis crue dans une BD, et j’en ris encore !!


Nadège :
Je crois bien que tout a déjà été écrit..... Michèle et Alain pour cette sortie

Michèle
Bip, bip, la belette est de retour !!!! Non, nous n'avons pas tout écrit; loin de là !!
La référence à Stephan Sweig, j'avoue ne pas l'avoir vraiment comprise; si ce n'est par rapport à des récits en spirale et la mélancolie, une atmosphère bourgeoise et feutrée juste avant la chute, les grands bouleversements.
J'ai pensé aux pieds nickelés, mais surtout aux grands maîtres du burlesque et à ce cher Harold Lloyd. Le personnage principal est aussi assez proche du personnage du film "O'brother" des frères Coen, joué par Clooney, dans son côté hâbleur, coquet, un peu suffisant mais c'est juste un petit clin d'oeil.
En fait, c'est bourré de références cinématographiques, quant aux genres et aux effets spéciaux : par exemple le coup de la grande porte si haute et impressionnante et l'on passe par une porte minuscule... c'est du vu et revu..... s'accrocher à un pan de mur sous une fenêtre au au bord d'une falaise etc. Cela pourrait être prodigieusement agaçant mais ça fonctionne, on rigole, on jubile... c'est un peu comme si nous étions dans le coup de la madeleine de Proust : on regarde et tous nos plaisirs cinématographiques reviennent. C'est du grand art de nous "donner à revoir" tout en ayant à voir quelque chose de nouveau. J'ai bien aimé tous ces clins d'oeil.
Splash, Bong, Bing, Zip, Waouh !!! Vive la farce !
Un rythme effréné, des dialogues à la mitraille mais comment diable a-t-il réussi à faire cependant s'étirer le temps et nous distiller la sourde angoisse du temps qui ne reviendra plus face à la menace du fascisme, de la guerre ? Je n'y ai pas réfléchi, je m'en fous !
Je préfère rester avec ce trouble et penser à Monsieur Gustave qui " couche avec tous ses amis". La générosité est une notion assez vaste et vague finalement et Zéro s'en méfie : " Tu ne flirtes pas ! ".

Monsieur Gustave qui se parfume généreusement avec " l'Air de panache"; quitte à se faire gauler alors qu'il est en fuite.... Un personnage qui restera gravé en ma mémoire car il marie la bêtise avec l'intelligence, l'égocentrisme avec l'amour et le respect des autres. Un personnage comme je les aime, facile et superficiel en apparence mais qui se cache, un clown nécessaire.


Alain
La séquence à la fin quand le méchant écrase sur le bord de la falaise les mains de Gustave, renvoie à la mort aux trousses où Eva Marie Saint (Eve Kendall) est dans la même position suspendue dans le vide, le méchant est tué par balle et bascule dans le vide de la même façon. Dans une ellipse et un raccord génial la main qui se tend de Oger O’Tornill (Gary Grant) à la fin de la séquence raccorde dans le mouvement quand dans la séquence suivante il la tire vers lui dans le compartiment du train : le même où ils sont connus, mais cette fois devenus mari et femme.

Il y a un côté Moulinsart tintinesque dans les deux films de Anderson et Hitchcock. La mère de Gary Grant dans le film de Hitchcock évoque la Castafiore.

Du Moulinsart Andersonien, le grand Budapest hôtel, on peut se demander quel en est le sujet? Justement le sentiment qui pourrait relier les deux personnages masculins est de paternité avec un motif ambiguë allègrement dispensé dans une série de motifs comme si Gustav au fgrand cœur ne pouvait avoir de relations « normales, standards, (oui la belette) et là se croise un jeu d’orientation sexuelle autant que d’identité ou des rôles, des « places ». .. La question c’est bien comment les rapports doivent se re-placer. Ce film est comme un jeu de rôle qui aurait l’allure d’un jeu de carte de 7 familles. Que sait-on au fond de Monsieur Gustav ? Ses bons sentiments fond la nique si je puis dire à son désir. Respectant le triangle Agatha Gustav Moustafa, on en déplace les pôles, les énergies. Redistribution dynamique stabilisée provisoirement par l’interdit qui comme on le sait est là pour être virtuellement transgressé: qui comme on le sait doit être sans cesse répétée : « ne séduit pas celle que j’aime ». Eternité du désir mimétique.

Comme d'habitude dans les films d’Anderson, la famille ne tient plus et doit se recomposer. L'héritage ancien c'est la mort (son allégorie interprétée par Willem Dafoe est formidable), le seul héritage qui revient sur le devant c'est l'amour et l'amitié qui le remplacent. Le seul héritage c'est le délire hype de Gustav, son côté chic, sa superbe, humaine, comme tous les pères ou personnages principaux des films de Anderson. Comme dans « Fantastic Mr Fox » par exemple La légitimité, l'autorité du père ne peut pas être normative, mais prise dans la folie vivante, le désir ou l’aviditré irrépressible, l’aventure, la gaité au risque de la mort. Tout cela contre l'étriqué qu'incarnent les manières de ce personnage pris dans un équilibre entre « bien rangé » et délire et lui donne son statut d'original et de dandy branché – à l’instar de l'ensemble du décor du film bien rangé à la manière d'une bd belge ou de l'agencement de la ville hollandaise. Et il en va de même de la mise en scène, qui passant par tous les poncifs comme le souligne Michèle, est originale elle aussi. Il y a les petites cases, les sautes de plans, le délires des travellings ou des mouvements panoramiques inattendus, la vitesse du montage qui brusque un récit qui faisait semblant de s'étirer. On est pris dans la nasse, le film dure 1h40 on a l'impression au final d'y être resté 3h. Un peu comme Mozart mettait pour son temps trop de notes et de rythme dans ses compositions (il reste d’ailleurs non joué pendant des décennies) : ici virtuosité de la mise en scène. Alors qu'à l'inverse au bout de 3h de Loup de Wall Street nous avions presque l'impression d'y être resté 1H40. En bref il y a un château qui est une prison, une prison qui est une famille, une famille qui revient au final en château.

Que le nouvel aristocrate des lieux en soit le nouveau propriétaire soit un rom zéro, un groom, un Spirou de service, c'est une belle victoire. C’est par Zéro, dans son côté quasi impassible que toutes les portes s’ouvrent. Si Gustav est un cas Zéro est un K. La fonction de celui qui se trouve là par hasard, refuse la condition victimaire et du coup transforme la situation. Idem pour les aventures d'Anderson dans le temple du cinéma qu'il revisite, par les références de film aussi bien que le choix de ses acteurs.
  
Michèle 
Ce Gustave a besoin d'amour et il en donne à sa façon et même en recomposant une famille, adoptant Zéro et finalement Agatha , en constituant ce groupe avec lequel il s'évade ; forme de famille aussi. Cet apparemment benêt infatué et léger me plaît car il joue, comme beaucoup de profonds désespérés jouent. Dans le film, Gustave est celui qui sait que tout est léger et rien n'est grave, et réciproquement. Il incarne aussi la fin d'une époque. Effectivement, on a ri d'une bonne franche rigolade. 
Ce que j'ai apprécié c'est ça aussi, qu'on puisse rire de cette façon mais de manière plus subtile aussi. Il y a plusieurs niveaux d'humour dans ce film, ce n'est pas que cartoonesque et burlesque ; c'est aussi en ça que j'ai pensé aux Coen. Il faudrait revoir ce film pour en goûter mieux toutes les

Martine 
Gustave me rappelle un mot -gravé dans ma mémoire - de Cocteau quand il parle de "la légèreté profonde". Partage 100% ton dernier paragraphe. Hop ! la journée commence