Un film formidable que beaucoup ont sans doute déjà vu. A voir ou revoir pour engager le débat
Une séparation
De Asghar Farhadi Iran 2011
2h03
" …/… Selon moi, ce qui caractérise également cette histoire, c’est qu’elle n’a pas été conçue de façon unilatérale ou caricaturale. Autrement dit, elle permet aux spectateurs d’entrer dans l’histoire par différents biais, en fonction de leur sensibilité, et d’en tirer leur propre interprétation. Par exemple, en Iran, plusieurs spectateurs ont vu ce film comme un film politique. D’autres spectateurs, au contraire, m’ont dit que c’était un film sur l’éthique des relations humaines. D’autres encore l’ont perçu comme un drame humain. J’en suis ravi car quand j’ai commencé à écrire ce film, je voulais vraiment que chacun puisse avoir un regard et un point de vue personnel sur l’histoire."
Asghar Farhadi
NOS COMMENTAIRES APRES LE FILM
Alain :
En rentrant de notre séance sur "Close-up", je
reçois un message de Martine qui me dit qu'il y a une soirée sur le cinéma
iranien sur Arte. Effectivement c'était un reportage sur "Une
séparation".
Heureusement que nous avions vu le film et que nous avions
discuté ensemble. Car les infos (nonobstant très riches) que cette émission
apportait ne sauraient se substituer au sens au pluriel que nous avons
tenté(s) de donner au film collectivement.
En revanche l'émission sur "une séparation" m'a
intéressé surtout sur la façon dont la réalisation a dû jouer avec les codes
"islamiques" de la société iranienne, et la censure. Enfin le final
est très beau : une séquence de "making off" où on voit le tournage
de la dernière séquence : le moment où la jeune actrice jouant la fille, se
surpasse quand le personnage du juge lui demande de choisir avec qui elle veut
vivre, entre son père et sa mère. On voit le visage de l'opérateur se tordre
puis pleurer alors qu'il est en train de filmer et on se demande s'il va
pouvoir continuer. Le mot "coupé" prononcé, le réalisateur s'effondre
par terre en pleurs. Exactement l'émotion que nous avions ressentie en tant que
spectateur. Un moment très beau, le fait de le raconter me fait remonter des
larmes.
L’équipe ne se doutait pas de la répercussion mondiale
exceptionnelle de ce film réalisé à l’origine pour un public iranien et les
codes culturels de ce public. C’est la singularité, l’incarnation dans un sol
qui fait l’universalisme de ce film qui s’adresse à tous et toutes.
Enfin et quoique Ashgar Farahdi ait dû quitter son pays
parce que mis au banc par l’État iranien, j'ai aimé cette remarque de l'actrice
principale qui joue le femme rousse, (on voit à cette occasion qu'elle en fait
plutôt brune), disant que grâce à cette République et malgré le foulard, il y a
plus d'égalité homme femme que dans l’Iran d'avant, et sans doute dans les pays
occidentaux, et 90 % sont scolarisée. Une autre femme finit l'émission en
disant que l'Iran passant d'un mode de production des films étatique à un mode
de production libéral, risque de voir sa belle cinématographie d'auteur
disparaître, de voir ses films censurés par des considérations économiques, et
non plus idéologiques. Ces deux aspects (rapport homme-femme et production
culturelle) font réfléchir sur le monde dans lequel on vit. Sur la façon dont
on se la joue bellâtres démocrates auprès d'autres cultures.
Accès Maison de quartier Bottière :
148 route de Sainte Luce (à l’angle de la rue du Croissant et de la route de Ste Luce , le grand bâtiment en bois)-
Bus ligne 11 Arrêt Bois Robillard
Tram ligne 1 Arrêt Souillarderie.
Contact : Tel 02 51 13 67 15 ou bien 06 58 76 69 05