Grigris
de Mahamat Saleh Haroun
Avec
Souleymane Démé, Anaïs Monory, Cyril Gueï
Français
, tchadien
Nos commentaires après la sortie
Elise
Un
film qui m'a fait voyager... Une évasion vers l'Afrique le temps d'une toile...
Mais
ça ne m'a pas empêché un moment de nostalgie...Dans les premières séances, on
voit une femme pousser une brouette avec des barrières sur les cotés : cette
brouette, elle m'a renvoyée à mes souvenirs d'enfance : il y avait la même
autrefois chez ma grand-mère vendéenne... Je ne sais pas ce qu'elle est devenu
d'ailleurs (la brouette of course... ).
Ce
garçon, pour soigner son père (pardon, son beau-père... mais peu importe en
fait...) va travailler avec des trafiquants, puis les arnaquer... A-t-il eu conscience
des risques qu'il prenait ? Je ne pense pas... Il a besoin d'argent, alors il
fonce, sans trop se poser de question...
quant
à la fin, je l'attendais triste, malheureuse voir tragique... Ouf !... Quelle
bouffée d'air finalement cette happy end... Cette solidarité villageoise...
Alain
La
grâce de Grigris l'acteur/personnage c'est celle de Haroun réalisateur ; je
m’incline devant ce beau film Quelle
belle image ce groupe de femmes ! Je ne crois pas que l'on doive en arriver à
pilonner l'adversaire mais ça ouvre l'horizon. nous avons besoin de cette
énergie. La simplicité du conte et ses allégories : mettre au centre le
handicap surpassé. Fondement que la culture africaine nous renvoie ? Ou bien
est-ce la notre en boomerang : la parabole de la pierre d'angle rejetée ?
Fernand a raison de pester devant notre indifférence devant le sort de
l'Afrique, parce que c'est le notre exactement.
Michèle
Alain a utilisé le mot " grâce", ce mot accompagne mon errance
pensive après avoir vu ce film. Car c'est bien de grâce qu'il s'agit, aussi
bien dans son acception "triviale" que dans celle
"mystique".
La
violence est partout dans ce film mais elle n'est pas repoussante. La violence
est dans la lutte des deux protagonistes pour survivre au sein de cette société
impitoyable; alors ils en arrivent à se faire violence à eux-mêmes.
Automutilation pour l'un, vente de son corps pour l'autre. Il me vient à
l'esprit que Souleymane et Mimi sont des anges, perdus en enfer. Le
"salut" c'est le respect de l'autre, percevoir que l'autre vous
accepte tel que vous êtes. Mimi demande : " pourquoi ne me dis-tu jamais
je t'aime ?". Pas besoin de le dire, Souleymane le montre par ses gestes
et des mots différents... et que pute ou pas, Mimi est une femme; tout
simplement; une femme digne. Dignes, ils le sont tous les deux et conservent
leur intégrité face à l'injustice et les épreuves.
Quel
cinéaste ! Purée, quel plaisir des yeux aussi et quelle façon de nous montrer
son héros, nous sommes toujours avec lui.
Je
retiens 3 scènes ; celle où Mimi enlève sa perruque afro et dénoue ses nattes
de petite fille perdue, lui la regarde; c'est intensément sensuel et émouvant :
elle se révèle et, lui, comprend ; prend ce cadeau.
La
scène où il danse sur les toits, la nuit tombée ; chamane vaudou.... et celle
où il lance des fleurs à sa mère, sans qu'elle le voit. Adieu et hommage à sa
mère; il va affronter son destin, ultime entaille du cordon ombilical. Les
fleurs sont rouges sang..
Alain
Je
retiens aussi le silence en acte d'amour quand elle lui dit : plus tard tu me
reprocheras mon passé" : on a envie de la prendre dans ses bras et de la
rassurer. Parce que dans la mise en scène il s'est bien gardé de donner une
répartie, le spectateur en est tout agité. De la retenue as dit hier Michèle : une immense dignité !
Nade
De la
chaleur, de la lenteur, de la retenue... l'Afrique, quoi.
oui
de la grâce... pour un moment de grâce... tragique, voire initiatique.
Michèle,
J'ai
été frappée par l'image de ces femmes posant les mains l'une sur l'autre (jeu
que nous faisons enfant) pour sceller le secret, la solidarité de leur acte. Il
fait écho à la scène d'accueil de Mimi et Souleymane, chacune déposant un
cadeau. Chacune ajoutant sa voix au choeur.
L'allumette
craque, la voiture s'enflamme. Spectacle figeant, elles partent les unes après
les autres ; fières et solennelles, silencieuses. C'est hypnotique. Je pensais
à la chaleur suffocante qu'il devait faire à côté du brasier; je pensais
comment il a fait pour qu'on ne voit pas ce nuage de chaleur. J'étais subjuguée
par la force de la scène et sa beauté ....
C'est
bien joli ce village mais comment en supporter la constante promiscuité ?
!!
En
RDC existe un village exclusivement réservé aux femmes victimes depuis le début
de la guerre civile. Violées, elles sont rejetées par leur famille car
impures. Il me semble qu'il existe en
Afrique, ailleurs, un autre village où ne vivent que des femmes, les hommes y
ont un accès limité pour subvenir à certains besoins intimes... Si j'applaudis l'initiative de l'asso qui a
créé le village pour les femmes rejetées, j'ai des doutes sur l'autre.. un
monde sans homme... beurk; un monde où un homme ne viendrait que pour
satisfaire notre libido et notre envie de reproduction... bof, bof !!!!
C'est
chouette et riche nos accointances, nos différences et nos partages !
Elise
Un
monde de femmes... Dans le film, on nous en a montré que les bons cotés... Mais
il y a le revers de la médaille : Au boulot, ce sont essentiellement des
équipes de femmes et il y en a des histoires (de femmes...) ! Lorsqu'un homme
arrive dans une équipe, l'ambiance change, il a un effet, comment dire,
modérateur : je crois que c'est le mot... Non, vraiment, les équipes mixtes ça devrait
être obligatoire... Je suis d'accord, moi non plus je ne supporterais pas cette
vie en communauté... Et pourtant, le film privilégie la solidarité, l'amitié,
la chaleur d'une grande famille et n'oublie pas de nous montrer aussi quelques
moments d'intimité (sous l'arbre par exemple...) Oui Michèle, c'est
chouette... La chouette de
l'asso...
Michèle
Bien vu Elise mais on peut le voir comme idéalisé. Comme pour mieux marquer la différence avec la dureté de la ville. Ce havre de paix où les hommes sont partis pour travailler au loin pendant quelque temps où donc tout naturellement les femmes prennent le pouvoir tout en douceur et rondeurs, est en contraste colossal, avec le monde masculin et violent de la ville où il faut se battre pour vivre et tenter de se faire accepter. Il faut faire ses preuves. Dans le village il y a l'hospitalité. A la ville, il y a la méfiance. A la ville on voit plus d'hommes ; et pas sous leurs meilleurs aspects; que de femmes ...et des femmes sous domination. . Seul Grigris affiche et assume sa sensibilité et ses fragilités. Il le fait partout d'ailleurs, au paradis comme en enfer. En tout cas, je trouve que c'est ce qui fait sa force.
Michèle
Bien vu Elise mais on peut le voir comme idéalisé. Comme pour mieux marquer la différence avec la dureté de la ville. Ce havre de paix où les hommes sont partis pour travailler au loin pendant quelque temps où donc tout naturellement les femmes prennent le pouvoir tout en douceur et rondeurs, est en contraste colossal, avec le monde masculin et violent de la ville où il faut se battre pour vivre et tenter de se faire accepter. Il faut faire ses preuves. Dans le village il y a l'hospitalité. A la ville, il y a la méfiance. A la ville on voit plus d'hommes ; et pas sous leurs meilleurs aspects; que de femmes ...et des femmes sous domination. . Seul Grigris affiche et assume sa sensibilité et ses fragilités. Il le fait partout d'ailleurs, au paradis comme en enfer. En tout cas, je trouve que c'est ce qui fait sa force.
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Synopsis
Alors
que sa jambe paralysée devrait l'exclure de tout, Grigris, 25 ans, se rêve en
danseur. Un défi. Mais son rêve se brise lorsque son oncle tombe gravement
malade. Pour le sauver, il décide de travailler pour des trafiquants d'essence…
Commentaire Le Monde :
" On reconnaît le goût pour la fable du tchadien (...), son humanisme farouche, [et] on retrouve ce saisissant rapport au cadre (...) qui offre aux corps radieux de ses personnages de grandioses perspectives." Isabelle Regnier "Le Monde"
" On reconnaît le goût pour la fable du tchadien (...), son humanisme farouche, [et] on retrouve ce saisissant rapport au cadre (...) qui offre aux corps radieux de ses personnages de grandioses perspectives." Isabelle Regnier "Le Monde"
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Pour tous 3,6 euros
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(pour l'encaissement amener de préférence votre monnaie ça va plus vite)
Rendez-vous
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Rendez-vous
mardi prochain 23 juillet à 20h devant le Katorza
3 rue Corneille - près du théâtre Graslin
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