Paterson , commentaires



Elise
Un film d'une douceur et d'une sérénité... Un film qui m'a redonné du souffle... Une chaleur aussi...
Ils sont tous les deux artistes et pourtant si différents... Une très belle représentation de ce que peut-être un couple. Et ce rapport qu'il entretien avec son art (la poésie), qui le nourrit (spirituellement) jour après jour, au volant de son bus... La manière dont il capte les conversations des passagers. J'ai aimé cette façon de nous montrer le quotidien, cette manière de nous introduire dans l'univers des personnages (même le chien avec ses regards)... Et chaque plan est important, a son utilité : comme celui sur le carnet oublié sur le canapé... Nous fait supposer, on ne sait pas trop quoi, mais quelque chose... Nous donne une petite inquiétude.

Alain
En terme moins poétiques que les tiens ça plane encore pour moi. De toute façon il n'y a que ça de vrai la poésie, ce n'est pas qu'une formule je le pense, rien de plus réel que le poète qui se double chez Jarmusch, explicitement, d'une expérience mystique. Le dandysme aussi est mysticisme on le voit chez Wilde (sa Salomé) aussi bien chez Rimbaud etc.. sans parler de tous les poètes explicitement mystiques comme Claudel... ou de ceux encore formidablement vivants comme François Cheng.

Mais là c'est super le personnage n'est pas dans une posture dandy alors que le réalisateur la garde. Le moderne est forcément post moderne c'est à dire dé-constructif de la forme, la redoublant (tous les figures de double dans le film), comme passant une fois une maille à l'envers une autre fois à l'endroit, tricotant en détricotant tranquillement.  Et même si c'était faux, c'est intéressant. D’ailleurs je ne peux m'en empêcher : si le vrai est ennuyeux et le faux intéressant pourquoi choisir le vrai... Si ce n'est qu'au bout du faux on s’aperçoit que c’était ça le vrai et l'autre le faux. J'écoutais Yves Bonnefoy poète français disparu  en juillet dernier, amateur de Rimbaud, dire la puissance de la poésie et sa proximité avec la peinture. Ici c'est pareil, la poésie est partout portée par les situations les personnages secondaires de façon extraordinaire, chien compris bien sûr qui en est comme l'aiguillage. Ce qui atteste rigoureusement la dimension mystique du personnage de Paterson - et de son réalisateur ? - c'est l'épreuve non pas de la désillusion mais celle de la déception (le chien qui bouffe les notes poétiques, et qui permet leur divine sublimation). Savoir se faire déconstruire de ses prétentions à dire le réel par le réel lui-même eut-il la gueule d'un chien ...

j'ai aimé que le personnage féminin nous emberlificote dans les ronds de sa peinture, personnage représentant le réalisateur (ce qu'il fait lui même avec ses ronds dans l'eau de ne pas y toucher qu'à petites touches de peintre du quotidien merveilleux en forme de rien. Vide de la page, du livre vide qu'il faut, c'est tout l'art de la chose, savoir garder vide et blanc, ce qu'ici je ne sais pas trop faire.