Nos commentaires
Elise
Merci au réalisateur d'avoir permis des
moments de grâce pour supporter l'insupportable... C'était beau, mais
poignant...
Martine
J'ai détesté cette manière de filmer d'entrée de jeu. Je ne
vois pas où était la grâce au milieu de ces propos orduriers.
Elise :
J'entends par là qu'il y a eu de véritables moments de
beauté dans l'émotion : dans les temps de répits, de calme : la scène avec la
chanson "On ne change pas" par exemple... Mais d'autres aussi... Des
moments de bonheur simple, du quotidien, mais super bien filmé...
Bernadette :
Excellent !
Criant de vérité. Rien à enlever... rien à ajouter...
Le drame de bcp de familles, monoparentales ou pas. Deux
femmes magnifiques, qui tentent de réparer leurs blessures respectives... dans
cette situation d'impuissance. Un échec "annoncé".
Fernanda
Quel dommage de s'être arrêté à quelques expressions
fleuries !!!
En plus en canadien, elles passaient mieux...
" Le tas de M..." ce n'est pas le langage mais
sont les actes... les institutions telles quelles sont devenues... la façon de
faire taire la différence !!! Un film très fort, terriblement vivant, où la
vraie "normalité" (la morale) est parfois l'apanage des fous...
Est-il vraiment fou, de s'insurger contre ce "beauf" qui veut des
faveurs sexuelles, contre une aide ? Est-ce un fou, quand il rejette l'asile
qui le "défonce"... Le langage ordurier (pour moi à bon escient) est
là pour appuyer la violence de ses souffrances... Un grand film !!!
Martine :
Chacun ses limites. J'ignore l'opinion des associations de malades psychiques au sujet de ce film, j'aimerais, cependant la connaître en ... langage posé et serein. Alors que le Canada est pionnier en matière de traitement et d'accompagnement de ces cas-là. Mais retour au film.... pour les concernés. Ce que j'en ai vu m'a suffit et je parle de ce que j'ai vu qui a été insupportable, pour toute ma personne. Je ne prétends pas "débaaaatttre" le mot est lâché. Je veux juste donner mon impression . Merci de l'entendre. Ce qui ne m'empêche pas de lire les commentaires élogieux de ce film (Est-ce un film ?) c'est tout !
Chacun ses limites. J'ignore l'opinion des associations de malades psychiques au sujet de ce film, j'aimerais, cependant la connaître en ... langage posé et serein. Alors que le Canada est pionnier en matière de traitement et d'accompagnement de ces cas-là. Mais retour au film.... pour les concernés. Ce que j'en ai vu m'a suffit et je parle de ce que j'ai vu qui a été insupportable, pour toute ma personne. Je ne prétends pas "débaaaatttre" le mot est lâché. Je veux juste donner mon impression . Merci de l'entendre. Ce qui ne m'empêche pas de lire les commentaires élogieux de ce film (Est-ce un film ?) c'est tout !
Dominique :
Pour ma part cela faisait longtemps qu'un
film ne m'avait autant bouleversée, les acteurs sont tous très justes dans leur
interprétation, il y a des grands moments de bonheur et d'envie de vivre , et
des images magnifiques je trouve. Le peu de moyens mis au service des personnes
souffrantes ne me parait pas minimisé. Que l'on aime ou pas ce film ne peut
laisser indifférent
Elise
Et le choix du format image... Curieux non ? En tous cas, ça
marque notre inconscient...J'ai respiré avec Steve lorsque l'écran s'est
ouvert, mais je n'ai pas vu quand il s'est refermé... je me suis juste sentie à
nouveau oppressée...
Alain
Le désir de remettre du cadre n'est-il pas plus puissant que
celui de le bousculer ?! Ce qui séduit dans le film c'est la volonté de donner
un coup de boule à un monde accablant. On ne reprochera pas à Dolan d'avoir des
comptes à régler aussi bien avec celui-ci, qu'avec sa famille ET avec les
anciens. On sent qu'il a vu Godard, Cassavetes, qu'il a envie de faire sa
nouvelle vague qu'il s'en amuse au point de se mimer lui-même en train de le
faire. Effet de maniérisme. Le cadre resserré fonctionne peut-être comme un
miroir et nous sommes dans ce cas de l'autre côté du tain, spectateur à compter
les points.
L’adolescent qui se contorsionne est à notre ressemblance
très actuel : nous cherchons plus que des règles, notre légitimité. Nous sommes
entrainés dans le tourbillon de cette quête avec les deux autres personnages
c'est la règle du film, on court sans arrêt après Steve au sens propre et
figuré. Jusqu'à l'issue de suggérer au final en gel d'image l'explosion de la
vitre comme en inversion par laquelle nous le regardons. La vitre de
l'institution asilaire sur laquelle Steve veut dans sa fuite finale se projeter
est aussi bien ce regard, cette ouverture par lequel nous suivons sa course
vivante donc fatale. Donc ! mais ! et ! ou ? le bégaiement de Kyla assurait la
jointure. L'adolescence c'est cette initiation personnelle à la jointure et
sans cesse à la rejouer. Le fait que ça finisse mal n'est pas une objection à
la vie. Mais la séparation est-elle une objection à l'amour ? ding dong sorti
de la salle sonné.
Marie
Comme Myriam, le cadre est très fermé , sans décors et
j'étais, comme dans une pièce de théâtre, témoin , dans l'intimité et la
violence des personnages .( mommy et steve ) Kyla est le noeud central, ayant
perdu un fils .
Excellents comédiens, musiques superbes et bon
questionnement....???? sur la souffrance de l’autre.
un film vrai avec des phrases remplies d'images bien
crues... c'est ça , aussi, la vérité, que l'on peut entendre .; suivant
l'histoire et le vécu de chacun, bien sur .
Marie
Alain, je retiens ton mot " séparation". Ce film
est justement, sur la fusion des 3 personnes .
Mommy doit être une mère , Steve doit couper le cordon et
Kyla expliquer son bégaiement . ????
la plus belle preuve d'amour est la séparation vis a vis de
ses enfants, pour les voir grandir.
Elise
"...Les plus handicapés ne sont pas ceux que l'on
croie..." ça rejoint ce que dit Fernanda un peu plus haut, et c'est ce que
j'ai ressentie très fort aussi...
Quant à savoir si "la séparation est une objection à
l'amour..." : non bien sur, à condition qu'elle soit vécue avec
compréhension des deux cotés... Sinon, elle peut être destructrice... Oups...
C'est ce foutu changement d'heure qui inverse la parution de nos commentaires
?!!! Je voulais ajouter que j'ai été heureuse que l'on soit si nombreux : ça
fait plaisir... Et merci à tous... C'est important de se sentir portée par le
groupe, même inconsciemment, après un film pareil...
Alain
En parlant de miroir sans tain j'avais pensé à Cocteau, son
film "Orphée" en particulier, en écrivant que Dolan devait sans doute
l'aimer. Je viens de lire sa bio qui le confirme : "Xavier Dolan s'est
fait tatouer, sur la jambe droite, une citation de Cocteau : « L'œuvre est
sueur ». Ma réponse à Elise sur le format de l'image est le résumé d'un texte
où je fais un parallèle entre amour et création - où l'amour est sueur aussi
bien que l'accouchement jamais totalement achevé de soi en tant qu'adulte. Une autre
sorte de détachement et de séparation. Couper le
cordon va dans les deux sens et les nouveau-nés sont aussi des monstres, des
détachés, qu'il faut apprivoiser et apprendre à aimer. Sans doute Diane a telle
besoin de s'accoucher elle-même en tant que femme et aussi en tant que mère, de
se détacher de la gamine et de l'ado qu'elle est.
Danielle
Bonjour à tous, vos commentaires me donnent envie de voir ce
film,qui sans aucun doute me donnera beaucoup d'émotions. Je vais traquer son
passage ici. La seule chose qui me manque de la Bottière c'est nos rendez vous cinématographiques
réguliers et tellement enrichissants!!!
Je pense que même baigner régulièrement dans ce monde là, j'ai
beaucoup à découvrir, à me nourrir de ces histoires.. Je vous donnerai mes
impressions au moment voulu.
Alain ( écrit plus en amont, certains passages sont intégrés plus haut) :
Le point de vue clairement empathique se déplace à parité
entre les 3 personnages. Nous sommes renvoyés à notre situation d'adolescent,
de parent et même à la situation d’adolescence de nos propres parents. La
fêlure qui ouvre le film passe de l’institution à celle intérieure de chacun des
personnages pour se prolonger dans la communauté qu'ils forment, famille
recomposée idéale impossible, jusqu'à la
faire éclater. L'idéal finit comme il se doit en destruction quand il n'y a
plus aucune possibilité de tiers. Ce tiers peut-être provisoirement incarné par
chacun des trois, en aucun cas par une extériorité sans arrêt défaite dans le
film : le voisin sympa de Diane mère de
Steve, le mari insipide à peine
fonctionnel de Kyla. Ou bien encore les tenants des diverses institutions qui
ne sont faites que pour harceler et dont l’inhumanité cruelle renvoie à la
critique des années 60-70 et à la révolte adolescente celle de la contestation
étudiante de l’establishment. On notera qu'aucun des 3 personnages principaux ne
compose de gaité de cœur avec les règles de la société, contrairement aux
personnages secondaires, ce sont des rebelles.
L'absence d'extériorité c'est le défaut de la place
traditionnellement révolue à l'autorité paternelle qui se prolonge dans celle
de la société. Si ça "psychotique", c'est du fait que l'adolescent
doit se coltiner cette place, dans l'injonction de prendre la place de l’objet
désiré par la mère. Mais comment faire sa crise avec un parent lui-même en
crise, être ado quand sa mère est une adUlescente (contraction d’adolescente et
d’adulte) magnifique à hauts talons rouges dérisoires. Avec ce répit dans la crise de voir Kyla sur
Steve le mettre en repli de ce rôle impossible à tenir. C'est dans un même
mouvement que la fêlure du gosse prise en charge par Kyla s'étend et fait éclater leur communauté, sauf
qu’on ne s’y attend pas, on ne sait d’où ça vient ça la travaillait elle la
mère de l’intérieur. La folle c'est bien elle. Et ça en a rendu fou plus d'une
et plus d'un, le délaissement en réalité comme au cinéma (au cinéma dans Les
neiges du kilimandjaro par exemple ou dans Le gamin au vélo). Ce repli du gamin
n'est qu'une parenthèse jusqu'à ce que ça se délite, sans quoi le film ne
fonctionnerait plus : nous sommes entrainés dans le tourbillon de l'adolescent
avec les deux autres personnages c'est sa règle, on court sans arrêt après lui
au sens propre et figuré. Jusqu'à l'issue de suggérer l'explosion de la vitre
par laquelle nous regardions Steve : le cadre resserré d’une bonne partie du
film nous met dans la position d'un miroir sans tain, une position de
spectateur impuissant, c'est l'intérêt. Le tiers et l'extériorité nous sont
donc dévolues à nous spectateur c'est l’habileté du film. (La vitre de
l'institution asilaire sur laquelle Steve veut dans sa fuite finale se projeter
est ce miroir par lequel nous regardions sa course).
Ce n'est pas la première fois que la place du père exclu fait
fonction de fabulation dans un film, on le voit aussi dans Good bye Lenin autre rapport à la mère. La musique
d'accompagnement au piano de Mommy m'a fait pensé à celle de Yann Tiersen
dans Good Bye Lenin, Xavier Dolan a-t-il vu le film. De la
même manière Mommy
renouvelle que nous ne savons plus ou est le père, ni ce qu'il est
dans une société dont on n'accepte plus les règles. On voit ça à l’œuvre
même si c'est de façon différente dans "Léviathan" aussi bien que
dans "Le retour" qui montrent le déclin de la fonction paternelle pourtant
dans une aire géographique et culturelle différente. La question que pose
pour moi le film c'est au stade où nous en sommes de notre civilisation, de ce
qui peut bien faire autorité, c'est à dire extériorité ou si on préfère loi - et
de quelle manière peut-on le faire advenir pour l'intégrer et l'aimer ? Un
esprit me souffle une réponse personnelle à l’instant.
Au niveau de la leçon de morale que je pourrai extraire la
tendance libertaire – et d’apparence facile - se confronte à ceci qu’il faut
faire un effort extraordinaire pour aimer - et que de ne pas essayer serait un
véritable gâchis. Dolan physiquement me fait penser à un personnage de Tim
Burton. On sent que la vie est adossée à une pulsion de mort, c’est-à-dire de
création extraordinaire. L’espérance que
le bonheur doit être est au prix d’une exigence. La tension du film entre les
personnages mais aussi interne à chacun d’eux et qui monte pour moi se résume à
ça : essayer ! Ma relation comme acte de
création. Les plus handicapés ne sont pas ceux que l’on croie. Pas un
personnage normal dans le film. Même Kyla qui sert de référent idéal. Tous
handicapés et monstrueux. La façon dont Diane « dies » se décompose après que
Kyla lui annonce son départ est bien jouée, une gargouille baroque de Burton là
aussi.
Peut-on demander au cinéma d'être une maison de retraite 3
étoiles et demi pour veuves de classes assez moyennes ? Inconvenant ? Convenu
par moment au contraire. Mais je reste sous le choc émotif. Malgré le final post soixante-huitard d'idéologie
anti-répressive anti-psy anti-establishment du genre Family life etc.. . Un peu
grotesque si ce décors ne servait le drame et il le sert. Oui c'est un bon
film. Après "Laurence Anyway" que nous avions aimé, je m'attendais à
mieux. Dolan s'amuse avec ses personnages et nous le fait partager. De très beaux personnages, féminins en
particulier. Bien aimé la séparation de la mère et de la voisine.
Dramatiquement excellent. Mais l'ado n'est pas mal aussi, surprenante la
direction d'acteur. Au final ce qui séduit c'est la volonté de donner un coup
de pied (ou de boule) à un monde accablant. Quant à notre époque, le désir de
remettre du cadre n'est-il pas plus puissant que celui de le bousculer ?! C’est
le danger en face duquel nous met Dolan en situant son action dans
l’anticipation d’un avenir proche. Idéologiquement et formellement peut mieux
faire ... mais on ne lui reprochera pas d'avoir des comptes à régler, avec
sa famille ET avec les anciens. On sent que Dolan a vu Godard, Cassavetes et
même Loach, qu'il a envie de faire sa nouvelle vague au point de se mimer
lui-même en train de la faire. Un effet de maniérisme et ou de postmodernité ? Le
cadre resserré fonctionne comme un miroir et nous sommes de l'autre côté du
tain un peu spectateur à compter les points. Que faisait Dolan pendant les
révoltes étudiantes qui ont secoué le Québec ? Il nous manque du politique de
partout, un nouvel angle, le film ne l'ouvre pas, pas plus que nous,
l’adolescent qui se contorsionne est à notre ressemblance, trop actuel.
Danielle
Très surprise, je ne m'attendais pas à un film aussi vif!!!!
Il pose de grandes questions.. mais il ne peut y avoir de
réponse commune à tous..
Et accepter sa "propre" réponse demande du temps,
parfois jamais...l'image, j'ai besoin de pisser montre bien l'horreur de cette
décision...sans doute peut être la moins "pire"..
Un film qui montre aussi le cruel manque d'institutions, de
tous les niveaux..
Il montre aussi combien le tout médical peut détruire.. Mais
s'y opposer c'est une lutte sans fin, parfois un chantage.. Une lutte qui
lorsque on gagne un petit bout, permet de faire déplacer des montagnes...mais
dont on sort souvent épuisée.
Je n'aurai pas compris ou même vu le cadrage si vous n'en
n'aviez pas fait part..
Un film que je vais recommander dans les lieux que je
fréquente....car il montre qu'une mère ne peut aller plus loin sans se détruire
ou détruire tout autour d'elle..
que l'humain a des limites qui sont certes insoupçonnables
mais réelles..
Ce film me fait remonter des moments de vie affreux, mais
pour autant voir se film ne m'a pas paru impossible.. Par contre en parler en
sortant aurait été difficile.. Les jugements sont trop faciles ou terriblement
durs quand on ne baigne pas dedans!!!
Mais comme certains bien inspirés.. vous disent .. « tu
n'as plus à te plaindre!!! »
Alain
Merci Danielle pour ce beau témoignage. Par beau je n'entends
pas "joli" et gentil mais au plus près de l'expérience personnelle,
près du réel tout en prenant du champ, un peu de distance, du jeu. Qui permet
de ne pas coller à la misère de la situation au contraire.
Juste un détail qui a son importance, les rapports des
institutions à l'adolescent et sa mère sont caricaturaux dans le film. La
caricature a ceci de particulier de faire ressortir la vérité en exagérant la
réalité. Ce film sonne comme un avertissement : il se passe dans le futur et
non dans le présent - dans un futur proche apprend-on en introduction. Il faut
qu'il y ait un peu de fiction. Ce n'est pas un reportage, c'est une mise en
scène qui sert les 3 points de vue diffractés des personnages principaux, nous
voyons la situation évoluer à travers eux, avec leurs génies, leurs souffrances
et leur contradictions, et leurs limites comme tu le signales Content que tu aies rappelé le caractère
vif du film qui correspond aussi bien à Dolan qu'à ses personnages. Le rythme
du film épouse leurs tonalités. Il y a d’apaisement aussi bien par exemple avec
Kyla.