Léviathan de Andreï Zviaguintsev au Katorza



LEVIATHAN

De Andreï Zviaguintsev

Durée : 2h22
Version : VO

Prix du scénario au festival de Cannes

Résumé :
Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lylia et son fils Roma qu’il a eu d’un précédent mariage. Vadim Cheleviat, le Maire de la ville, souhaite s’approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d’abord de l’acheter mais Kolia ne peut pas supporter l’idée de perdre tout ce qu’il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté qui l’entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Cheleviat devient plus agressif......

Critiques Presse

NOS COMMENTAIRES

Alain
J'ai pensé bien sûr aux Coen ( "A serious man" qui reprennent eux aussi l'histoire de job que raconte d'ailleurs le pope dans Léviathan. Je me demande si Zviaguintsev ne tire pas ses touches d'humour acide de là. Mais aussi dans la peinture de la noirceur à l'Orson Welles de " la soif du mal ". 


Elise
Pour ce qui est du film, je suis très frustrée, car le sommeil m'a gagné à plusieurs reprises : c'est terrible de ne pas pouvoir lutter... Et ça m'a empêcher de rentrer dans l'histoire... Mais j'ai aimé les lumières, les décors (aussi bien extérieurs qu'intérieurs)... Avec cette ombre sur la colline, dans le soleil couchant... Ou encore, le mobilier de la salle de vie (dans la séquence du début, ou elle se fait insulter par l'ado) c'était très colorée contrairement aux décors extérieurs, plutôt gris...
En tous cas, merci beaucoup Alain et merci à tous pour les échanges ensuite, qui ont éclairés mon esprit quelque peut ensommeillé...


Martine
Encore sous le choc de la puissance du film.
Et les scènes de "a sérious man" qui reviennent à flot. 

Christian
Film glauque dans des paysages stériles.
J'ai pensé à "Il était une fois en Anatolie" où les personnages sont traités plus en profondeur. Ce n'est que petit à petit qu'on se rend compte qu'on est dans un pastiche de Sergio Leone, il est pourtant déjà dans le titre.


Martine
Comment rebondir sur les propos de Christian ? eh bien je ne rebondis pas, j'essaie juste de sortir lentement de cette œuvre puissante et prophétique, encore imprégnée de la force des acteurs, des paysages, des prises de vues à couper le souffle, les lumières grisées.


Alain
Effectivement j'ai pensé au film de Nuri Bilge Ceylan. En revanche je trouve plus intéressant de comparer avec le film d'un autre italo-américain que Sergio Leone, plus actuel. Dans "Léviathan" tout comme dans le "loup de Wall street" il s’agit de la déconstruction de la logique dominante et de domination d'un monde. Mais il y a toute la différence qui sépare l’optimisme américain du fatalisme russe.

En particulier dans la différence de traitement des deux personnages féminins : Naomie femme du loup et Lilia femme de Kolia. Dans le monde américain le retournement de la logique est encore possible, accompli de façon réjouissante par le loup qui en utilise les armes par ruse, puis par Naomie qui baise le baiseur (de femmes autant que du système). Alors que dans le monde russe le jeu du retournement se réduit à une peau de chagrin, à quelque chose de dérisoire comme dans un monde de pantins : entre trahir ses amis puis faire des traitres à nouveau ses amis. Celui qui ressemble au loup dans l'ex-empire soviétique c'est Dmitri, l’avocat qui tente - mais en vain – lui aussi de baiser le système par les instruments du système, opposant des articles de loi à ceux qui sont psalmodiés par la juge (scène époustouflante). Le signifiant de la logique du système dans « le loup » c’est fuck ! aussi bien dans Léviathan : le viol dans les deux cas des femmes par leur compagnon. Dans les deux cas de Zviaguintsev ou de Scorsese on pousse la peinture jusqu'à l'absurde, ce qui fait que nous n'en sortons pas ni plombés ni pourtant totalement indemnes. Ce n'est pas parce qu'on la pousse à l'extrême qu'on y adhère tout au contraire. Mais on ne peut pas le faire en restant à l'extérieur et dans une position de confort. Pour se faire il faut en épouser les méandres. Quel réalisateur fera ça chez nous ???