mercredi 5 décembre à 19h30 Maison de quartier bottière "Les-herbes-folles"



Réalisé par Alain Resnais 2009
(1h 44min)

Avec André Dussollier, Sabine Azéma, Emmanuelle Devos etc...

Point de départ de l'intrigue :Marguerite n'avait pas prévu qu'on lui volerait son sac à la sortie du magasin. Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un parking. Quant à Georges, s'il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser.


Nos commentaires après le film :


Elise :  Oui, bien sur, on l'attend avec impatience cette info sur le Matou de la dernière séquence... Merci Michèle...
J'ai appréciée aussi l'ambiance chaude, dans le sens chaleureuse, du salon de cette maison : une ambiance coocooning... Et puis, si les herbes folles sont revenues à plusieurs reprises pendant le film, les plantes vertes et la végétation étaient très présentes dans ce salon : à l'intérieur mais aussi à l'extérieur : la nature présente derrière la verrière donnait une ambiance particulière : j'aime bien... .
Merci  pour votre investissement sur une sortie Katorza : et, pour me tenir au courant, promis je reste branchée...
Hier soir, les idées fusaient : c'était beau... Merci beaucoup et à bientôt.

Michèle  Patience Elise, je dois retrouver le livre !
Je suis très heureuse de vous avoir fait découvrir ce film et qu'il vous ait autant plu. Les échanges ont été riches effectivement.

Alain : Si j'en crois l'entretien de Resnais dans Le monde (voir le lien plus bas) la dernière phrase ne fait pas partie du roman. Cent pour cent  d'un Resnais qui est né à vanne ah ah !!

"Vous m'avez percé à jour ! Le film se clôt par une phrase énigmatique : "Maman, est-ce que quand je serai un chat, je pourrai manger des croquettes ?" J'adore le chat, qui est un des seuls animaux à posséder la faculté d'imaginer. Un chat peut s'amuser tout seul avec une pelote de laine."


L'hypothèse de la réincarnation que l'une d'entre nous a suggéré n'est pas évoquée par Resnais. Ce qui ne veut pas dire que nous devions écarter cette piste où les virtualités se communiquent passent la barrière du temps et des espèces. Comme la puissance du taureau passe dans le toréador qui le met à mort, puis dans Picasso qui le dessine et enfin dans le spectateur de son dessin.


Michèle :  Elise, je reviens sur ton commentaire au sujet de la nature présente ( mon genou me faisait tant souffrir hier que mon esprit était un tantinet embrumé d'où ma réaction tardive...).
Cette atmosphère que tu décris donne un sentiment d'étrangeté, elle appuie le côté décalé, je trouve. Le protagonistes évoluent dans un monde censé être citadin et contemporain mais tous les aspects de la ville d'aujourd'hui sont gommés, occultés. Nous sommes transportés dans un décor qui évoque les années 50/60 et un peu cotonneux; les bruits sont étouffés, pas de voitures. La maison est un cocon ; elle a un aspect désuet et rococo avec son mélange de styles mobiliers, ses plantes luxuriantes et l'improbable chant du coucou et de la chouette qu'on perçoit distinctement. Même le commissariat et ses gendarmes semblent être du milieu du 20ème siècle. En même temps, on perçoit la modernité, le centre commercial, le parking souterrain et le trajet de Marguerite allant au cinéma nous y font entrer; mais subrepticement.
Je n'ai pas eu le temps de dire à quel point j'ai apprécié la bande son du film. Cet air de jazz en suivant Dussolier dans le parking, avec son tempo rappelant le tic-tac des montres et la sirène ténue en arrière-plan, participe avec justesse (sans ostentation) au fait que l'on se croit embarqués dans un thriller. Que de bons airs de jazz, que de saxo ! Clin d'oeil de Resnais envers l'auteur du livre qui a inspiré le film ? Christian Gailly ayant été jazzman... En tout cas, je trouve que Resnais nous montre son admiration pour Gailly et je vais, dès la semaine prochaine, relire le bouquin pour vérifier quelques petites choses; le chat mais aussi les dialogues. On a vu l'autre soir à quel point Resnais a été fidèle au livre, même s'il a pris des libertés. ça me plaît !

Cat : Bref.. moi aussi quand je serai chat, je mangerai des croquettes!

Michèle : Cat'..... Moi je conte et je compte bien t'approvisionner en croquettes et en mots

Cat : ... Miaouuuuuu

Alain : Le débat est plus qu'une valeur ajoutée :, il infléchit modifie, fait varier nos perceptions. Celles-ci ne sont univoque et arrêtées dans ce film contrairement à un film presse-bouton émotionnel commercial et industriel. : elles vibrent. En parler les mets dans un autre" spin" ( dans d'autres orientations), en modifient la texture, la couleur, la forme, la signification. Le film ouvre à la pluralité en nous de nos émotions et sensations, dans un principe d'incertitude relatif à son sens. On pourrait dire que le film dépeint le paysage de notre condition de spectateur, comme le faisait déjà François Ozon avec "dans la maison". En cela les deux films nous font rentrer dans un labyrinthe, celui des virtualités propre au fonctionnement de notre cerveau, aussi bien qu'à n'importe quel dispositif artistique. La fiction du simulacre, correspond ou s'articule étroitement avec le réel de nos virtualités. Gagarine pourra til manger des chaperons quand il sera loup ?

Martine : Je retrouve les mêmes dispositions d'esprit, des enfants à qui je je raconte des histoires. Quand la fiction rencontre leur réel... que de surprises.

Alain : J'ai bien aimé ton sourire Martine l'autre jour à La Fabrique Gainsbourg vie héroique, quand Gainsbourg envoie au voisin grincheux en rentrant dans son appartement avec Bardot : "Que voulez-vous la vie est un hasard contraire aux destinées". C'est un peu ce que Resnais montre dans ce film d'une autre façon.
Michèle : J’ai gagné mon pari ; à savoir que le chat est un ajout facétieux de la part de Resnais qui aime cet animal. Je ne suis pas un éléphant mais j’ai un peu de mémoire !

Voici le dernier paragraphe du livre que je vous livre avec la ponctuation exacte de l’auteur : « De la voltige ici, on n’a pas idée, c’est interdit ici, il y a pour ça des espaces désignés, et puis cet appareil, un Robin DR 400 Dauphin 80, immatriculé F-GG XQ, n’était pas fait pour ça, pour la voltige, il est recommandé d’utiliser par exemple un CAP 231 Mudry. » C’est dit exactement pareil dans le film. Un autre extrait (toujours avec la ponctuation exacte) qui montre que Resnais, malgré ses libertés, a respecté le texte, cela concerne la toute première lettre que reçoit Marguerite ; lettre que Georges voulait récupérer : « Elle la lut, n’est est pas morte, on n’en meurt pas, pas de ça, lire n’a jamais tué personne, au contraire, ça aide à vivre, elle a répondu.

Alain : elle se la pète la belette, signé un loup jaloux !!




Critiques  "Le monde" :  Une étourdissante leçon de liberté et de fantaisie.
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Un entretien intéressant avec Alain Resnais sur le film ICI