Maison de quartier Bottière mercredi 18 janvier 2012 "Gran Torino"

Gran Torino


 2009
Réalisé par Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her
Genre Thriller


Résumé :
  Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains "qui croient faire la loi", de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino...

Commentaires après la séance

Alain J'ai bien aimé La question de l'autorité incarnée par les différents personnages. Qui me permet de revoir autrement la thématique du justicier selon Clint Eastwood : le respect de soi mais aussi des autres, ne doit pas être confié à personne que soi-même. Après tout c'est peut-être un adepte de Lévinas (non je rigole). L'autorité est à l'intéreiur de soi et non entre les mains de ceux qui voudraient nous protéger et au premier chef - c'est le cas de le dire - la police.

Je trouve marrant qu'on n' arrive pas à parler de sa mise en scène, de la forme de ses films et uniquement de ses personnages, de ses thématiques ou de son propos. Ce qui voudrait dire que son art de la mise en scène est justement consommé - puisqu'on ne le voit pas. Cela me donne envie de lire le bouquin de Bouquet (Stéphane). Plutôt que de l'appeler "Clint fucking Easwood" , il vaudrait meiux dire pour en plagier un autre : "Saint Eastwood comédien et martyr". Mais cela revient au même.



 
Martine : Clint n'est pas parfait (ouf!) : il n'a qu'un souffle de voix. (nécessité du film ?)
Mais quelle allure, quel regard !malgré ses traits émaciés, qui laissent filtrer une autorité naturelle, sur lui et sur son entourage. Autorité qui lui sert de carapace pour se protéger d'émotions morbides, en lien avec son passé de vétéréran de la guerre de Corée.
Une scène marquante : Thao à ses pieds, et Wa le surplombant du haut de la véranda, tel un géant. En fait, Thao est souvent à ses pieds (jardinant par exemple), et commence à se "lever" au fur et à mesure de l'intérêt, que va lui porter W., pour parvenir à une véritable relation d'Amitié envers lui et sa tribu Hmong. Scène marquante du sous-sol, où Thao lui impose d'être "en haut" et lui en bas".
Amitié qui va lui redonner goût à la Vie, pour laquelle il se "bagarrera" jusqu'à l'extrême.
Interprété avec brio, sans manichéisme, ce film est une ode à l'Espoir, à la vie, à notre fichue Tour de Babel planétaire où la Paix et la Fraternité ne sont pas encore pour demain.



Michèle
          Martine, je te suis au sujet de ces plans de celui qui "surplombe" l'autre, dans les rapports entre Thao et Walt. En fait, quand Thao demande fermement à Walt de changer de placement pour porter le congélo, il est en position d'égalité avec walt. Iil est ce que souhaite profondément Walt ; c'est à dire lui-même et non plus dans la soumission ou la transparence.
En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord quant à cette autorité sur son entourage. Elle est souvent réaction à des comportements, des attitudes qui le dérangent ( la scène de l'anniversaire en est un exemple) , elle est donc du domaine de la colère par manque de compréhension entre lui et les autres et manque de complicité mutuelle. Cette autorité est, comme tu le dis, la carapace d'un homme traumatisé. Elle est aussi la manière de signifier une demande de liberté d'être ; d'exister. Elle est pudeur, ou incapacité à se livrer.
Cette protection se fissure au fur et à mesure du film ; cela commence avec Sue qu'il rembarre comme un père protecteur. Et l'autorité dont il fait preuve envers Thao est celle d'un père aussi ; c'est une autorité bienveillante; pleine d'amour. Elle est donc tout à fait différente de la rigidité du début du film.
Walt est dans la transmission et, effectivement, il apprend à Thao à se respecter lui-même; s'affirmer au sein de la société et vis à vis des autres ; tout en restant lui-même.
Car c'est bien aussi de cela qu'il s'agit; Walt dans son silence et son regard porté sur son entourage ne demande que ça : qu'on le respecte avec ses défaillances, ces doutes, son silence et sa carapace. C'est dans ce sens-là qu'il résiste à la pression du prêtre.
Hier soir j'ai pensé à la phrase de Glissant : " Je peux changer en échangeant avec l'autre, sans me perdre, ni me dénaturer". Je l'ai trouvée en adéquation avec ce film.
Jésus-Clint-Walt passe et les rats des marais trépassent, Amen !!! Même pas, cela aurait été trop facile.... 



Martine 

Merci Michèle, j'ai occulté l'aspect de la transmission, en effet. Avec Thao, Walt, s'engage lucidement à l"élever", là où il a échoué avec ses fils. La scène du congélo, pour moi, marque un tournant dans le film.
 



Michèle

Martine, cette scène du congélo est en effet très importante; je l'ai trouvée très émouvante. Comme la scène où Walt enferme Thao dans la cave pour le protéger, elle est très forte et m'a marquée. J'ai l'image de Sue revenant défigurée et en sang. Pas besoin de plus pour savoir ce qu'elle a subi ; j'avais mal pour elle. Mais comme m'a dit notre ami Damien : " Michèle, c'était du bon maquillage."