Gran Torino
2009
Réalisé par Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her
Genre Thriller
Résumé :
Son quartier est aujourd'hui
peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses
haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong,
latinos et afro-américains "qui croient faire la loi", de ses propres
enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il
peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du
quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino...
Commentaires après la séance
| Alain J'ai bien
aimé La question de l'autorité incarnée par les différents personnages. Qui me permet de revoir autrement
la thématique du justicier selon Clint Eastwood : le respect de soi mais aussi des
autres, ne doit pas être confié à personne que soi-même. Après tout c'est peut-être un adepte de Lévinas (non je rigole). L'autorité est à
l'intéreiur de soi et non entre les mains de ceux qui voudraient nous
protéger et au premier chef - c'est le cas de le dire - la police.
Je trouve marrant qu'on n' arrive pas à parler de sa mise en scène, de la
forme de ses films et uniquement de ses personnages, de ses thématiques ou de son propos. Ce
qui voudrait dire que son art de la mise en scène est justement consommé -
puisqu'on ne le voit pas. Cela me donne envie de lire le bouquin de
Bouquet (Stéphane). Plutôt que de l'appeler "Clint fucking Easwood" , il
vaudrait meiux dire pour en plagier un autre : "Saint Eastwood
comédien et martyr". Mais cela revient au même.
|
|
Martine : Clint n'est pas parfait (ouf!) : il n'a qu'un souffle de voix. (nécessité du film ?)
Mais quelle allure, quel regard !malgré ses traits émaciés, qui
laissent filtrer une autorité naturelle, sur lui et sur son entourage.
Autorité qui lui sert de carapace pour se protéger d'émotions morbides,
en lien avec son passé de vétéréran de la guerre de Corée.
Une scène marquante : Thao à ses pieds, et Wa le surplombant du haut
de la véranda, tel un géant. En fait, Thao est souvent à ses pieds
(jardinant par exemple), et commence à se "lever" au fur et à mesure de
l'intérêt, que va lui porter W., pour parvenir à une véritable relation
d'Amitié envers lui et sa tribu Hmong. Scène marquante du sous-sol, où
Thao lui impose d'être "en haut" et lui en bas".
Amitié qui va lui redonner goût à la Vie, pour laquelle il se "bagarrera" jusqu'à l'extrême.
Interprété avec brio, sans manichéisme, ce film est une ode à
l'Espoir, à la vie, à notre fichue Tour de Babel planétaire où la Paix
et la Fraternité ne sont pas encore pour demain. |
|
Michèle
Martine,
je te suis au sujet de ces plans de celui qui "surplombe" l'autre, dans
les rapports entre Thao et Walt. En fait, quand Thao demande fermement à
Walt de changer de placement pour porter le congélo, il est en position
d'égalité avec walt. Iil est ce que souhaite profondément Walt ; c'est à
dire lui-même et non plus dans la soumission ou la transparence.
En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord quant à cette
autorité sur son entourage. Elle est souvent réaction à des
comportements, des attitudes qui le dérangent ( la scène de
l'anniversaire en est un exemple) , elle est donc du domaine de la
colère par manque de compréhension entre lui et les autres et manque de
complicité mutuelle. Cette autorité est, comme tu le dis, la carapace
d'un homme traumatisé. Elle est aussi la manière de signifier une
demande de liberté d'être ; d'exister. Elle est pudeur, ou incapacité à
se livrer.
Cette protection se fissure au fur et à mesure du film ; cela
commence avec Sue qu'il rembarre comme un père protecteur. Et l'autorité
dont il fait preuve envers Thao est celle d'un père aussi ; c'est une
autorité bienveillante; pleine d'amour. Elle est donc tout à fait
différente de la rigidité du début du film.
Walt est dans la transmission et, effectivement, il apprend à Thao à
se respecter lui-même; s'affirmer au sein de la société et vis à vis
des autres ; tout en restant lui-même.
Car c'est bien aussi de cela qu'il s'agit; Walt dans son silence et
son regard porté sur son entourage ne demande que ça : qu'on le respecte
avec ses défaillances, ces doutes, son silence et sa carapace. C'est
dans ce sens-là qu'il résiste à la pression du prêtre.
Hier soir j'ai pensé à la phrase de Glissant : " Je peux changer en
échangeant avec l'autre, sans me perdre, ni me dénaturer". Je l'ai
trouvée en adéquation avec ce film.
Jésus-Clint-Walt passe et les rats des marais trépassent, Amen !!! Même pas, cela aurait été trop facile.... |
|
Martine
Merci
Michèle, j'ai occulté l'aspect de la transmission, en effet. Avec Thao,
Walt, s'engage lucidement à l"élever", là où il a échoué avec ses
fils. La scène du congélo, pour moi, marque un tournant dans le film.
|
|
Michèle
Martine,
cette scène du congélo est en effet très importante; je l'ai trouvée
très émouvante. Comme la scène où Walt enferme Thao dans la cave pour le
protéger, elle est très forte et m'a marquée. J'ai l'image de Sue
revenant défigurée et en sang. Pas besoin de plus pour savoir ce qu'elle
a subi ; j'avais mal pour elle. Mais comme m'a dit notre ami Damien : "
Michèle, c'était du bon maquillage." |