"Elle" de Paul Verhoeven



            

Claudine :
 Ce film comporte beaucoup trop de scènes hyper violentes qui ont heurté ma sensibilité ...

Elise :
Un film remarquablement réalisé avec Isabelle Huppert jouant parfaitement son personnage.
Un film dur, violent, oui certes, mais ce qui m'a marquée, c'est le comportement de cette femme envers ses proches : elle est intraitable avec sa mère, son père, son fils, sa meilleure amie...etc... Est-ce du à ce qu'elle vient de vivre ? Où est ce que ça fait partie d'elle depuis l'enfance ? Le film nous donne une partie de réponse...mais... Elle m'a bousculée cette femme, et bouleversée aussi : pour rester forte et debout, est ce que ça implique forcément ce comportement de froideur, d'insensibilité apparente ? Et puis, elle nous parait forte, mais elle est cassée à l'intérieur, brisée par son histoire... Finalement, elle est touchante...
Merci Alain et merci à tous pour le débriefing qui a suivi... De part nos échanges, le groupe est porteur, et pour moi, hier soir c'était important...

Martine 
Elise, je m'autorise une petite incruste j'ai vu ce film dimanche soir et je t'avoue n'avoir été convaincue en aucun point, hormi celui de l'interprétation des acteurs et de la mise en scène. Je l'ai reçu comme un thriller tragico comique ... Oups ! Providence de Resnais, hier soir m'a davantage marquée. Ah les goûts zé les couleuvres.

Alain
 C'est comme ça qu'il faut la prendre, Elle, tragique comique, en suspens et en angoisse.
Ma Loute aussi bien que "Elle" sont noirs misanthropiques, contiennent du conte du mythe des ogres et de la dévoration. J'aime "Ma Loute" pour le plaisir pur sans arrière-plans. Tandis qu 'Elle',  comme je l'aime, est toute investie en métaphores et nous interroge. "Elle" est comme l'envers de "Her". Dégonflage de mythe et de GI Jo, remontant ou interrogeant, l'autre mythe masculin de la femme qui en est le pendant, bandant, du phallus ( super héros, Batman masqué, ou concombre) son envers :  vagin denté prêt à le croquer dans la glace. 
L'avantage d'Elle c'est d'en montrer la père version justement, la réversibilité comme le gant - enlever ou mettre sa cagoule. A défaut de quoi le pouvoir phallocratique ne peut s'exercer - le film le montre de manière bien plus fine que mon délire, en quoi c'est un acte artistique qui se prête au commentaire sans que celui-ci ne puisse sa majesté la circoncire. On notera que ce qui assure le point de réversibilité c'est la parole qu'Elle lui adresse sans animosité et qui le rend impuissant.L'interprétation en est double : respecter ce scotchage, ce lieu où il est comme emmuré, Lui, car ce môme c'est le sien à Lui et pas à elle. A partir de ce respect on peut imaginer qu'il peut la balle la lui renvoyer plutôt qu'à la lui rapporter. Comme un objet précieux, le plus précieux, cette im-puissance au contraire..

Dominique
Elise c'est normal que Isabelle Huppert joue parfaitement son personnage, Philippe Djian l'auteur du roman "Ho" dont est tiré le film, a écrit les dialogues de son personnage en pensant à elle.