mercredi 6 novembre à 19H30, soyons heureux à la maison de quartier Bottière

Après "Omar" un peu de légèreté (? ) Pour revoir le jeu de Sally hawkins (qui joue la sœur de Jasmine dans « Jasmine blue » de W.Allen) –(meilleure actrice dans une comédie Golden globes 2009 pour "Be happy"). Et discuter de l’humour caustique de Mike Leigh.

Be happy

une comédie Britannique

réalisée par Mike Leigh 2008

(1h 58min)

Avec Sally Hawkins, Alexis Zegerman, Andrea Riseborough


Résumé : : Institutrice, Poppy est une jeune femme aussi drôle et fantaisiste. A l'écoute des autres, elle séduit tous ceux qui l'approchent, adore ses élèves et s'investit complètement dans son travail. Poppy vit en colocation avec une copine, sort beaucoup. sa gentillesse et son sens de l'humour semblent au-dessus de toute circonstances, quand elle se décide se décide d'apprendre à conduire….

Les commentaires après le film et son débat


Danièle
Be happy, Renoir....2 belles femmes font du vélo, insouciantes à première vue...Faudrait-il sortir notre 2 roues pour atteindre cette originalité? Promis, je vais ressortir ma bicyclette..

Alain
Les vélos des femmes étaient dans la salle hier, au repos. C'est vrai, au cinéma la femme à vélo est souvent d'une belle insouciance ; on pourrait ajouter Cécile de France au côté de l'enfant, sur l'affiche du film "le gamin au vélo". D'une insouciance qui n'est pas sans souci, comme le film le montre effectivement.

Michèle
Et il y avait une trottinette aussi dans la salle ! C'était effectivement le rdv des 2 roues ! Il y a aussi la célèbre scène dans Butch kassidy et le Kid. J'ai bien aimé aussi le début du film quand elle est sur son vélo. Oui, faire du vélo c'est, pour moi, une forme d'aisance et liberté de mouvements et déplacements; je me sens légère. Je musarde et j'observe tout autour de moi. Je suis enfant, comme avant; comme toujours... Mais cette légèreté, cette enfance, n'est pas sans gravité. D'ailleurs, être enfant est-ce réellement être insouciant ? Certes non ! Ces moments de petits bonheurs sont primordiaux pour vivre le reste, ce n'est pas remède, c'est état d'esprit...
Je voulais revenir sur une réaction au sujet du vol de vélo. Se faire piquer son vélo, après tout, c'est normal. Pourquoi se fâcher, pleurer et maudire le voleur ? ça fait partie du jeu de la vie en ville. Ce n'est jamais qu'un objet, elle a raison Poppy. Elle est fataliste.
Vous savez quoi ? Poppy est une grande malade et sa colocataire aussi d'ailleurs ! Mais purée pourquoi ne cherchent-elles pas un remède à leur insupportable et anormal amour de la vie et des gens ? C'est vrai quoi, Poppy a tout pour être normale : une famille éclatée et pas très aimante, un travail pas si facile qui nécessite des remises en question quotidiennes, des amours aléatoires, un moniteur grincheux et despote et j'en passe... Une petite lobotomie lui ferait du bien, elle s'adapterait enfin à son univers et ne s'étonnerait pas qu'un libraire ne lui dise pas bonjour et ne lui sourit pas quand elle entre dans la boutique. Elle ne serait pas choquée par la peur irraisonnée du moniteur en voyant passer deux gars à vélo car ils sont black ! Elle serait comme les autres, à s'observer sans se parler, méfiants.
Poppy, maladroite et pudique malgré son grand déballage. Poppy la tendre qui sait si bien aimer sa colocataire, qui regarde sa petite soeur avec amour au matin, après une nuit d'ivresse et ce petit garçon victime de violence. Poppy une sainte déguisée en clown ???? Non, une fille comme nous finalement : forte et faible à la fois et farouchement indépendante, veillant sur sa liberté.

Claudine
Bravo pour ton analyse  Michèle !!! je me reconnais dans ta déclaration finale : "une fille comme nous, finalement : forte et faible à la fois et farouchement indépendante, veillant sur sa liberté." vive Poppy, Michèle et Claudine !!! et toutes nos sœurs sur la terre !!!!

Martine
Toc, toc, j'ai un vélo, j'me faire du vélo, j'ai une sœur et 2 frères biologiques. J'aime bien - sans avoir vu le film - l'idée d’une famille planétaire, et pas que des soeurs ...m'enfin. Merci Michèle et Claudine, je me sens moins à l'étroit (et pourtant ...) avec des filles comme vous.

Michèle
Heu.... les filles, n'oublions pas nos frères quand même ! Ils sont nos compagnons et connaissent les mêmes affres que les nôtres, ils sont faibles et forts et préservent leur liberté tout autant que nous. Nous échangeons souvent avec eux. Parfois, il arrive même qu'on on en ait un privilégié pendant 6 jours, 6 semaines, 6 mois, 6 ans, 60 ans; ça dépend... L'essentiel est que, quelle que soit la durée, il reste près de nous quelque part au fond de notre esprit et notre cœur. J'aime bien les filles mais les garçons c'est chouette aussi ! Tiens, je leur envoie des bisous

Françoise
Rester fataliste devant le vol de son vélo ? La semaine dernière , l'adorable petite fille de ma voisine, m'a saccagé ma Trott'.  Cassé , tordu un peu tout, volé les lumières .... Oui ! Ce n'est qu'un objet ... Mais c'est la liberté d'aller et venir à sa guise.  C'est tout de même un élément primordial ??? Cette méchanceté m'a touchée plus que je ne pensais ... Et puis en y réfléchissant, c'est sa lâcheté qui m'a interpellée .... Cette jeune fille sera bien différente de cette adorable Poppy !!!!
Michèle ,  je plussoie ton analyse , ta conclusion ... J'admire sa force de caractère . Certes , elle doit être fatigante à côtoyer tous les jours , mais quel plaisir elle doit procurer à ceux qui perçoivent ce qu'elle essaie de transmettre ... ( Une cousine à Amélie Poulain ??? )

Alain
Poppy veille sur sa liberté en dépassant sa peur; elle ne se réfugie pas derrière son groupe ; elle acte pour elle en tant qu'elle à chaque détour de volant. Sa part d'hystérie est davantage une espièglerie qui n'est pas à mettre au compte de son statut de femme, mais de sa part d'enfance qu'elle sait cultiver. Quand Michèle dit : "une fille comme nous", je peux m'y inclure pour cette raison. Elle peut mourir de rire ironise Scott, le moniteur d'autoécole. En effet tant que nous vivons, nous jouons. et inversement comme le montre de façon splendide le film en forme de point d’interrogation : peut-on rire de tout et partout ?
Les rapports hommes-femmes, ce n'est pas exactement le sujet. Si on fait le tour des personnages masculins et féminins il y a de tout. La balance ne penche pas dans un sens ou dans l'autre des genres. Et les traits excessifs des uns et des autres nous réjouissent quels que soient leur genre : la prof de flamenco gratinée, le moniteur gratiné, le mari soumis de sa sœur, gratiné, sa petite sœur silencieuse pas mal non plus dans son genre etc..)
Si on suit le défaut de Poppy à imposer aux autres son tempo, son rythme, sa tonalité, son espièglerie, on voit que le réalisateur-scénariste a construit ses personnages en chiasme, en choc dans la rencontre avec le moniteur. Poppy est à la fois l'équivalent et l'opposé de Scott, chacun ne cédant pas à l'autre. La capacité de jeu que Scott n'a pas, permet de façon stupéfiante une esquisse de rencontre. On peut présupposer que jusque-là ce sera la seule et vraie rencontre de Scott. Cela fait plaisir de voir que Poppy n'est pas réactive, mais plutôt empathique et finalement compassionnelle. A partager ce que l'autre est, comme une bonne actrice, sait le faire.

Elise
Je l'ai trouvée touchante, notre Poppy : oui, bien sûr, elle en fait trop... Et, je confirme, c'est usant, voir agaçant pour les proches... J'ai une amie qui est toujours positive et prête à faire des blagues quoi qu'il arrive : et heureusement pour elle... Car elle a de très gros soucis de santé et c'est quelqu'un à qui il arrive que des problèmes... C'est terrible, mais elle les attire... Alors, ça positive attitude, c'est ce qui la maintient, lui donne la force de continuer, de pas baisser les bras... Mais elle peut devenir très fatigante aussi...
Je reviens sur ta première phrase Alain : la peur, c'est en effet un sentiment qui aliène... Et c'est libérateur quand elle disparait...
Et puis... J'aime bien, Françoise, le lien que tu fais avec Amélie Poulain : elles ont le même but, en effet, rendre les gens heureux, mais certainement pas la même personnalité : j'ai le souvenir d'une Amélie très introvertie, timide et passant inaperçue. Ca ne les empêche pas d'être touchantes toutes les deux car tournées vers la vie et vers les autres... Un film drôle, captivant...( et l'avion... qui est passé très bas au-dessus de Rezé ne nous a pas inquiété tant que cela finalement... )... Merci Alain, Michèle et tous les autres pour les échanges qui ont suivis...

Michèle
Moi, je ne pense pas qu'elle ait envie de rendre tout le monde heureux; elle est interloquée... mais elle est ce qu'elle est et ça passe ou ça casse ! et c'est ça que j'aime bien en elle entre autres, sa douce, rieuse et rêveuse radicalité...

Alain
Moi moi d'abord ce que j'aime c'est le fait qu'elle est toujours en situation de création. Elle habite le monde en poète. rêveuse oui ! qui vit le monde en éveillée. Radicale par-là, elle institue en faisant bouger; et elle fait bouger en imitant, en poussant au bout la logique de l'autre, en quelques mots. C'est un maître trublion zen.

Hélène
Absolument, et moi je reprendrais bien une tranche de Poppy : sa détermination à aimer la vie dans ce qu'elle a de meilleur et à la faire aimer (en dépassant ses peurs, doutes, colères...) et en étant, en même temps, parfaitement consciente de ce qu'elle a de dur et de compliqué (aucun optimisme béat ici) donne la banane et envie de regarder le monde autrement. Merci pour le petit coup de pouce cinématographique !

Danièle
Oui Alain, elle est rêveuse et créative. La création quelle qu'elle soit est une voie pour oublier... Bon il y a de grands peintres, grands écrivains mal dans leurs peaux, mais inventer sa vie, accepter les aléas...sans bien sur les oublier, c'est aller vers une belle sérénité.. Pas forcément la méthode Coué..
Sa bonne humeur n'est pas arrogante, hormis avec Scott...mais chacun pourra penser qu'il mérite un peu cet électrochoc. Il est ce genre de personne à laquelle on n'ose plus dire .. comment cela va?




Critiques presse et spectateurs


Accès Maison de quartier Bottière :
148 route de Sainte Luce (à l’angle de la rue du Croissant et de la route de Ste Luce , le grand bâtiment en bois)-
Bus ligne 11 Arrêt Bois Robillard
Tram ligne 1 Arrêt Souillarderie.

Contact : Tel 02 51 13 67 15