de Leos Carax 2012
Avec Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes
Intertextualité : le masque, les yeux sans visage et Ivan le Terrible
1- voir ICI
nos commentaires sur le masque et le visage à propos du film "Les yeux
sans visage" auquel fait référence Carax explicitement à la fin de son
film et dans le réemploi d'Edith Scob.2- nous avons oublié à propos de masque celui Kabuki de la fin de "Ivan le terrible" de Eisenstein que Carax remet en scène dans Holy motors (Kabuki contre burqa ?).
Nos débats après le film :
Alain :
Déconcertant
non ? ! mais j'en garde de bonne traces..
Carax
dans le film joue un personnage qui nous amène au cinéma, dans ce
grand bâtiment, qui se révèle être une salle avec des spectateurs, du haut
de laquelle on a ensuite une contre-plongée vers l'enfant qui s'avance dans
l'allée centrale en bas, que l'on reprend ensuite au ras du tapis avec les deux
molosses qui s'avancent vers lui (nous). L'une
des multiples mises en abîme du film.
Super
sympa la discussion après le film.
A
bientôt j'espère
Martine
Merci
Alain, de partager ce fragment d'une discussion en comité restreint. (le
meilleur ?) Oui pour les mises en abîme. ET que de belles images sur Paris, le
pont Alexandre et le Pont Neuf, si cher au réalisateur. Impressionnée,
également, par l'interprétation magistrale de Denis Lavant. Allez à mercredi,
si tout est ok pour moi. Amitiés. Martine
Alain
Jeux
de pistes sur le film :
La
mère de Léos Carax, était critique de cinéma pour Le Hérald Tribune. Or c'est
le journal que vend ( devinez qui) Jean Seberg dans "A bout de
souffle". Nous y avons vu une allusion dans Holy avec le personnage joué par Kylie Minogue - à La Samaritaine.
Leos Carax a eu pour projet de réaliser un
"Dr Jeckill et mister Hyde" (voir La scène du cimetière)
Parmi
les anecdotes autour de Carax je retiens celle-ci : " c'est dans un bureau
rutilant d'un boîte de production de films que Carax rencontre Marguerite Duras.
La veste de Leos a des trous. Elle Lui donne son téléphone et lui dit :
"Appelez-moi un jour, je vous recoudrai ça"
Enfin
hallucination collective suite au film : non ! non non !! Les amants du pont neuf n'est pas un film en
noir et blanc -Vérifié. Et dans mon souvenir il a des couleurs merveilleuses. et c'est sans compter le masque Kabuki de Ivan le terrible qui réapparait de façon jubilatoire.
(Plus bas Michèle trouve encore Tristana de Bunuel et bien sûr Les yeux sans visage de Franju (dernière séquence en hommage à Edith Scob son actrice).
Michèle,
Il y
a des années, un message que je trouvais agaçant passait sur les ondes
radiophoniques: « quand on aime la vie, on va au cinéma». Pourquoi ai-je pensé
à ce slogan hier soir ? Peut-être parce
que j’ai jubilé tout au long de la séance, j’ai pris un plaisir immense. Peut-être parce que ce film ; en s’appuyant
sur la mort ; est un hymne à la vie. Il nous dit que la vie, avec toutes ses
illusions, ces tourments, désillusions etc. , est un formidable manège dans
lequel nous jouons. Un tourbillon dans lequel nous pouvons nous perdre car ne
sachant jamais vraiment où percevoir le faux du vrai. Qui sommes-nous
réellement ? Puisque nous tenons différents rôles : au travail, en famille, en
amour et j’en passe… Mais ceux qui sont en face de nous ont aussi leurs
masques. Alors, un jeu de dupes cette vie, une brasse coulée en eaux troubles ?
Non ! Cela peut être aussi drôle et léger ; et j’ai bien ri d’ailleurs.
Cela
peut-être également fantastique, magique. Et Carax nous le suggère en utilisant
le merveilleux et l’illusion.
L’illusion,
n’est-ce pas ce qui se dit communément de l’art cinématographique ? Carax lui
rend hommage. La scène du début dans la salle de cinéma avec des spectateurs
immobiles ; fascinés par les images ; ouvre le bal. ( merci Alain, je croyais
avoir été folle en voyant un enfant au début.
Tout
est clins d’œil à des références de genres cinématographiques comme la comédie
musicale et le polar mais aussi à des films. Un petit jeu auquel je me suis
bien amusée. Hommage à Franju, à Bunuel… Clin d’œil à lui-même avec le pont
neuf. Hommage aux anciennes méthodes et franche rigolade avec la séquence des
captures numériques. Bref, j’ai envie de revoir ce film ; j’en veux encore car
je suis gourmande.
J’ai
bien aimé le coup de projecteur sur la condition de la femme avec celle que
l’être immonde sorti des égouts rhabille en burka ; devenant quelques moments
plus tard un satyre au sexe turgescent. Hypocrisie…
Une
scène qui m’a donné envie de faire la fête, danser, entrer dans l’écran : celle
de l’orchestre dans l’église. Elle s’intitulait " l’entracte". Comme
si dans la fête on oubliait de jouer, alors qu’on est totalement dans le jeu…
Une
scène qui m’a émue ; les regards de Denis Lavant et les chimpanzés à la
fenêtre. Ils regardent par la fenêtre… un autre écran, d’autres spectacles mais
à ce moment-là ; plus de masques. L’animal est un être vivant qui n’en porte
pas.
Et le
chanteur qui nous fait son chanteur; Gérad Manset. " On voudrait revivre,
vivre encore la même chose, ça veut dire... Toucher le point de non-retour, se
sentir loin, très loin de son enfance"
J'ai
aimé Manset et je sais que Carax l'aime mais là, fastoche la ficelle et bonjour
les violons.. j'ai quand même failli avoir une larme ou deux, parce que je
sentais la respiration ( une pause) de Denis Lavant avant de mettre la clé dans
la porte pour rentrer chez lui. Un sas pour retrouver le vrai ???? Je ne sais pas et je m'en fous , c'était une
belle séquence malgré Manset qui dégouline.
J’en
reviens au slogan ; la vie c’est du cinéma et le cinéma un miroir ; je ne
pourrai jamais m’en passer surtout quand ce sont des gens comme Carax qui
fabriquent le miroir. Bref, bien gaulé ce film...
Alain,
c'était en couleurs !!! Diantre, Diable !!! J'en ai un souvenir noir et
blanc
Bien
aimé la discussion d'après avec vous.
A
mercredi pour une autre fête. Je viendrai sans masque mais déguisée.... en femme
Purée,
j'en ai mis une tartine ! Bavarde la belette !!!!
Marianne,
Impressionnante
découverte de Leos Carax, moi qui n'avait pas vu les Amants du Pont Neuf (en
couleurs). Son étrange mission, l'enchaînement des rôles tenus par Mr Oscar,
m'ont posée la question : quand est-on "vrai", quand jouons-nous un
rôle ? Notre Vie, est-ce une succession de personnages que l'on compose ? Où
est le vrai, le faux ? Qui sommes-nous ? Question éternelle ... Bonne idée
l'after ciné, avec des échanges très sympas et spontanés. Désolée pour mercredi
prochain. Bonne journée et malgré (ou
avec) les vacances à Bientôt !
Marianne,
Michèle,
nous faisions un commentaire au meme instant. Loin de moi de vouloir faire un
doublon du tien. Merci de partager tes connaissances cinématographiques !
Au
plaisir de nous retrouver bientôt,
Martine
La
dernière image du retour au réel, m' a fortement évoqué les albums (pour
enfants) d'Anthony Browne - lecture appréciée des CE1 - ou la famille est
représentée par des gorilles (Google vous en dira davantage sur cet auteur très
touchant). J'ai aussi bien ri, sur les
métaphores. Oui Michèle, chantons et dansons la vie (sauf arthrose avancée).
Mais nos masques nos protègent, vive les masques.
Michèle
Ne
t'inquiète pas Marianne . Nous avions discuté toutes les deux au sujet des
rôles hier en sortant de la salle
Michèle
Je
suis d'accord avec toi Martine, vive les masques
et
vive la danse et les chants, révérences à la vie
Michèle,
belette lutine
Isabelle
Ravie
de vous lire...et heureuse de l'avoir vu aussi
La chanson de Manset me plait!
Alain
Les masques et la scène de la burqa : Réponse à Michèle et Martine.Oui les masques nous protègent, grâce à eux nous pouvons nous dissimuler et avancer.
C'est pour cela que la scène qui suit le cimetière qui montre le monstre rhabiller la femme jusqu'à la burqa, n'exprime pas une hypocrisie mais un respect de la femme, comme inconnue, comme autre et comme celle-là. Ce respect est d'abord signifié comme timidité de petit garçon, inhibition presque. Pour s'affirmer ensuite. Puis dans un troisième temps la burqa semble "voiler" un peu le respect de ce monstre pour la femme. Mais celle-ci femme accueille favorablement ce respect. Il y a effectivement un jeu, une ambivalence, entre une instrumentalisation et un respect réel. Je crois que le voilement jusqu'à la burqa est une provocation de Carax, qui retourne nos imprécations contre la burqa : non pas une dénonciation de la culture intégriste mais au contraire de la notre, hypocritement libérale (trait satirique : le photographe à culotte courte, et la femme qui fait une aller retour dans le souterrain comme un mannequin marchant cette fois dans la flaque d'eau, une anticipation de la femme pied-bot ? (référence à Bunuel ? ).
Ca donne envie de revoir le film; "Ainsi soit-il" c'est pas la fin du film.
Michèle :
Le film est loin d'être terminé. "Tristana de Bunuel... Avec Catherine Deneuve et Fernando Rey .
(voir la scène de la jeune nièce au pied-bot au chevet de son oncle mourant dans "Holy motors". En lien avec la nièce boiteuse jouée par C.Deneuve et l'oncle joué par F. Rey dans Tristana ).
Marianne
Je découvre la suite de vos réflexions sur le film et... j'en reste abasourdie !!! Merci Alain pour ton analyse de la burqa, cela ouvre des portes à la réflexion mais il me faudrait revoir cet extrait...
On y est aux métamorphoses, réminiscences et rémanences de Léos Carax à décrypter ! C'est vrai que le film est à revoir une 2e fois... Tenez moi au courant si vous faites une 2e séance avec pot "obligatoire" à la sortie !
Alain
Voici une phase de Léos Carax : "Les actrices devraient boycotter tous ces nullards qui leur demandent de se dénuder. Une actrice déshabillée l'est à jamais. Il faudrait les mettre en taule". C'est que l'on sent en voyant la séquence de Holy Motors, recouvert (c'est le cas de le dire) par des sentiments contraires au fur et à mesure que l'on voit se dérouler l'action.
On pourrait revoir le film maintenant mais il me semble que c'est trop frais. On est plutôt parti sur autre chose pour se délasser fin juillet. Proposition : En revanche dés que le film est en dvd on se le repasse. A plusieurs.
Michèle :
Valse des commentaires
Documentation :
Sur Léos Carax
- Sur les traces d'un mystère, Leos Carax (Le monde)
- Quand Alex Dupont est devenu leos Carax Télérama
- Entretien avec Leos Carax (Les inrockuptibles)
- Leos Carax : le retour de l'enfant terrible (Evene)
- Le Figaro - Guillaume Depardieu, l'écorché vif Le figaro
- "Leos Carax à l'honneur au prochain festival de Locarno" Le monde