Nos Commentaires sur ""Journal-de-France""




Nos commentaires après le film :


Hélène :
Une histoire d'amour comme au cinéma ??? -mais quand même une peu comme dans la vraie vie (enfin pas tout à fait ) : chouette!

Michèle
Une vraie histoire d'amour, de partage, d'attention et de complicité comme dans la vraie vie.. A vous de voir. Un film enchanteur

Alain :
Un film Merlin et Mélusine

Michèle
Barouder, baguenauder, observer, prendre le pouls du monde, l'interroger....
Aimer la vie, aimer les gens ; les accepter tels qu'ils sont.
Le regard bleu de Depardon a une poussière d'enfant. Entre chien et loup, le trépied se pose pour mieux voir.

Elise
Un film enchanteur... oui Michèle... des images, des couleurs qui captent...
Un Merlin et une Mélusine que l'on apprécie suivre sur les routes de France, raconter l' Histoire... celle qui les a marqué... Et puis, j'aime cet instant entre chien et loup : c'est un moment magique (décidément), apaisant... Merci Alain et Michèle pour cette séance... et merci Raymond et Claudine pour ce beau voyage...

Alain
Le rapport de l'image fixe et du mouvement dans un rapport paradoxal qui s'appelle FAIRE UN CADRE. Les campagnes sont comme un volant de l'immuable, une métaphore dans le film de l'héritage, du fond d'où nous venons. C'est l'image de ceux qu'on prend en photos sur le même banc de village 20 ans après. Je me souviens des vieux du village de ma mère - elle gardait les bêtes comme les parents de Depardon. Et des pensionnaires de "l'hospice" qui regardaient passer les gens. Mais aussi de tous les habitants qui l'été sortaient leur chaise pour papoter le soir dans les ruelles de la ville, comme on le fait aujourd'hui dans les bistrots. De ces figures typiques qu'on voit pendant des années qui font vivre la petite ville. L'odeur des rues, des cuisines latines, magrébines, celle des vieux murs et on imagine l'odeur de la la pisse ou bien les crottes de chiens mêlées à celles des arbres et des jardins.
Raymond bouge dans l'immobile. Il capte le cadre dans le mouvement aussi bien que le mouvement de l'immobile. Ses images font la synthèse entre le français Eugene Atger photographe du Paris sans les gens, et l’américain Robert Frank sillonnant l'Amérique. C'est ce que l'on voit "dans le fond" dans un dispositif comme "10 ème chambre" : le cadre fixe de institution judiciaire dans ces murs qui revient de loin dans l'histoire quand on voit la tenue des officiers de justice. Et dans ce cadre la vie des interpellés autant que celle des juges interpellant. De même les murs de l'asile de l'île de San Clemente proche de Venise, ou bien ceux de l'hôtel Dieu dans "Urgences". La vie et l'humain ne viennent pas ex nihilo, il y a de l'histoire, de la transmission des instituions, des rites, des codes, une France, des Frances, et au-delà le monde quand elle s'étend dans ses colonies. Immobilité dans le voyage ou mobilité dans l'instant : par exemple dans le portrait de Mandela silencieux sur lequel nous avons projeté des émotions différentes. L’image-mouvement du cinéma est plus que la somme des 25 photographies à la seconde. Rodin s'en explique lui-même, qui dit que seul l'art peut traduire le mouvement. La vérité n'arrive que par déformation de la réalité. "Le constat" c'est la mort du devenir, du désir, la mort du mouvement et de la vie, l'apanage du totalitarisme. Ce journal de Depardon et Nougaret est la fiction de leur vie, le conte de leur collaboration ; leur film, ne serait pas acte d'amour s'il n'y rentrait de l’affabulation. Quand Claudine sert de cadre Raymond fait mouvement. Quand Raymond fait son cadre dans son mouvement, Claudine fait l'histoire du mouvement, ce qui veut dire introduire un mouvement dans le mouvement, un bougé dans le bougé pour ne pas se transformer en mouette de Raymond devenue floue. La parité du couple c'est que cela puisse s'inverser, chacun à sa place et peu importe qui est dessus ou dessous, dès lors que virtuellement cela puisse changer. Dans l'ensemble peu importe qui bouge. En revanche pas question de rester ensemble dans 2m2 de camping-car à subir le rythme de l'autre. Plus on s'éloigne plus on se rapproche.