Alexandre Nevski, mercredi 12 Octobre à 20h30 et leçon de cinéma au Cinématographe

Un film soviétique de Sergueï M. Eisenstein 
1938, noir et blanc, VOSTF
 Durée: 1 h 41 min 
 un casting de génie
Scénario : Sergueï M. Eisenstein et Piotr Pavlenko
Photographie : Édouard Tissé
Musique : Sergueï Prokofiev



suivi d'une conférence  
Par Stéphane Bouquet (un critique tout aussi génial - scénariste, rédacteur des Cahiers du cinéma entre autre).
La critiques des Inrocks sur le site du Cinématographe ici :
 http://www.lecinematographe.com/Alexandre-Nevski_a169.html


tarif spécial
 Nous proposons un tarif à prix très réduit pour cette séance pour les usagers du restaurant social
(et pour les autres nous espérons obtenir un tarif réduit)

Inscription : 
Pour cela merci de votre inscription ici : lasagessedelimage@free.fr)




Une sortie cinéma en prolongement de notre séance du vendredi 7 octobre à 13h30 en présence des artistes au restaurant social Pierre Landais
voir ici 
(où nous passons des extraits des deux versions musicales de la séquence des glaces de ce film)

Vous y êtes les bienvenus

Avant le ciné-concert du 14 Octobre de "L'île était une fois"

Commentaires avant le film : 

La musique religieuse est le seul genre que Prokofiev n'a pas emprunté.
Mais il y a dans Alexandre Nevski des chœurs comme l'émanation de l'âme russe, courant épique, le peuple en marche (une autre forme de la religion celle du nationalisme russe).

C'est là le génie de Eisenstein et Prokofiev d'avoir fait glisser ces chœurs indifféremment sur le camp des russes ou des teutons. Et d'avoir entre-temps montré la figure de leur prêtre, autorité spirituelle désuète, pleutre qui brise la belle harmonie géométrique de leur rassemblement ou de leur avancée. Les prêtres sont les seul teutons dont on voit le visage avant la défaite. D'un côté la machine nazie dont cette géométrie est l'allégorie, de l'autre le bricolage quasiment, l'amateurisme, la passion, l'entrain, l'élan vital du peuple russe. Qui vient comme se juxtaposer de façon libre à la figure d’une autorité bienveillante, acceptée, mais forte, celle du prince Nevski, à laquelle le peuple se rallie - une autorité qui ne bride pas l'élan de ce peuple mais lui sert de résonance (démagogie complète mais le réalisateur et le compositeur n'ont pas eu le choix, la commande étant bien "encadrée".

L'un et l'autre, fait extraordinaire, ont réussi a créé une œuvre malgré la prescription stalinienne sur l'art et ses poncifs débiles (les nazis ont été moins coercitifs sur les productions esthétiques de leur temps que les communistes de tous les horizons, Europe de l'est, empire soviétique asie, Chine etc..).

Eisenstein et Prokofiev auront maille à partir avec Staline et ses sbires. Ce qui les a sans doute protégés, c'est la force de leur art et leur popularité. On ne peut qu'imaginer leur souffrance dans ce contexte ( que Kundera a décrit de façon terrible et drôle dans ses romans et en particulier "La vie est ailleurs" )".

Commentaires après la séance

 Alain :

Silence des vastes plaines après la bataille. Ce doit être l'âme russe

Claude : Il faut nous laisser le temps de nous réveiller!!
Moi, ravie de voir ce film sur grand écran et de face!! Plaisir de retrouver la musique, mais... ça ne rendait vraiment pas terrible. Si on refait une copie du film, ça ne vaudrait pas la peine de "refaire" la bande son aussi ? Mais on l'a bien vu l'autre jour, ça risque d'être trop éloigné de la version originale. Bon, le monsieur cinéma, intéressant mais moi un peu fatiguée pour suivre au delà de 23h et beaucoup de poussières.
Merci Alain et Michèle, les sages de l'image, de nous avoir proposé ce film.

Michèle,
Merci Claude; mais sommes-nous sages ???
Première sortie de ce type au Cinématographe, on est content
Nous sommes impatients d'avoir des retours. Alain est plus par l'odeur des commentaires alléché que moi ; c'est normal pour un loup…/..

J'ai été ravie par cette séance. Ravie des interventions de Yannick. Emue par la scène où les femmes vont vers les hommes allongés. Beauté plastique; gravité de l'évènement accompagnés d'une musique qui fait frissonner. Je garde ça imprimé devant mes rétines éblouies.

J'ai bien aimé aussi la scène de l'engloutissement; les procédés : mélange de carton-pâte pour les plaques et d'images de réels morceaux de glace ; glissant sur l'eau. J'y ai vu de la poésie. La musique m'a touchée aussi, véritables "sous-titres" évocateurs. Et puis je me suis bien amusée à trouver les symboles. L'intervenant est un érudit qui se met à la portée de chacun. Je n'ai pas toujours été d'accord avec certaines de ses interprétations et avec celles des membres du public mais j'étais bien trop fatiguée pour parler. Peur de bafouiller car mes mots se bousculent quand je suis fatiguée. Pas envie d'écorner mon super ego en public !
J'aurais bien aimé développer certains aspects mais bon; ce n'est pas grave. L'essentiel est dans ce constat : nous étions ensemble.
Michèle
           
Anne-Marie :
Dans le film j’ai préféré les noyades et les ciels immenses.... dans la critique de Stéphane B. j’ai préféré le commentaire sur la propagande et çà m’intéresserait d’en savoir plus sur ce décryptage—la lutte continue / bandera rossa !.
J’ai été gênée par les sous-titres plus ou moins lisibles mais j’ai fait confiance à mon âme russe pour imaginer ce que je ne voyais pas.
La musique –cher Serguéi je t’ai trouvé un peu éteint—m’a laissée assez insensible [le restaurant social a sans doute une meilleure acoustique !]
Je suis un aficionada (çà se dit ?) du Cinématographe j’espère qu’on s’y retrouvera bientôt.
Chapeau bas Alain et Michèle

Michèle
Ben alors, il a perdu sa langue !!! C'est ballot et dommageable pour un loup

Alain
Intéressant la soirée, mais j'ai préféré la projection des extraits du film au restaurant social. Notamment au niveau musical. Je n'ai pas été du tout convaincu par al soit-disant restauration de la copie. J'ai cru percevoir qu'il manque des images.

Intéressantes aussi les pistes de Stéphane Bouquet. J'ai surtout retenu la notion d'espace ouvert que Eisenstein emprunte à son voyage mexicain.
Je n'ai pas complètement adhéré à l'association  entre la renarde violée et la ligne horizontale de l'horizon, liée à l'allemand pour lui. Le système des oppositions en effet existe dans le film mais il est plus dans une dynamique. (Que dans une dialectique). Les lignes verticales affirment aussi bien l'horizontalité que le contraire, comme dans un système yin yang. Eisenstein se réfère souvent à l'Orient au Kabuki et à mon avis à la notion de vide. Ici c'est une attente inquiète de l'envahisseur, très belle que la musique amplifie, sublime. Les oppositions ne sont pas tranchées, elles se superposent, glissent l'une sur l'autre. Elles ne sont pas prises dans un système mécanique et stéréotypé. C'est ce qui fait que ce film de propagande est bien autre chose que de la propagande. Nous sommes loin d'avoir fait le tour de tout ce que le film contient

Cela me fait froid dans le dos ce que tous ces gens ont vécu dans le système stalinien.

En amorce d'un travail sur Eisenstein et Prokofiev à venir  )

Je trouve que cet "ouvert" - de la ligne d'horizon et du blanc des extérieurs d'Alexandre Nevski - est un bon fil conducteur : à la fois conceptuel et plastique, voire dramatique. Dans mon tâtonnement passé de pied nickelés chercheur j'ai forgé un concept : tout simplement celui de 'figure" pour dire la teneur de ce genre de concept qui a des traduction plastique ou dramatique (il se la pète encore le loup  :lol )

Les traductions que j'en ai :" Vol au dessus d'un nid de coucou" de Mike Nicols, Et "THX 1138" de Georges Lucas. dans les deux cas le blanc est ambivalent : il dit à la fois la menace et la délivrance, le totalitaire et l'échappée. Or ça fonctionne bien dans le Eisenstein en ce qui concerne la double direction indiquée par Stéphane Bouquet des lignes verticales et horizontales. Si on n"y collez pas une signification morale ou plutôt manichéenne, mais si on voit le film sur le plan formel pas seulement- mais comme une conception de la vie. Et c'est pour moi le point fort de l'intervention de Stéphane Bouquet que d'avoir fait le raccord avec "Que viva Mexico". Je n'avais pas réalisé que les rushes qui nous restent sont d'avant Alexandre Nevski je croyais qu'ils étaient postérieurs.

Un autre blanc et espace ouvert peut-être, ceux des plans d'introduction dans "Les visiteurs du soir" de Marcel Carné. Le château est isolé au milieu des espaces des garrigues (tourné en Provence zone libre sous l'occupation allemande - j'en avais tiré l'"idée que le peuple français sous l’occupation était à cette image : isolé, forclos. Et rendait beaucoup mieux le sentiment de désespoir (isolation et désolation"de chaque personne sous la France sous l'occupation, son isolement, que la figure du diable et son équivalence nazie. Exactement comme le fait ici Eisenstein d'ailleurs.

L'idée du Kabuki paraît incongrue dans cette thématique, Ce ne devrait pas être le même vide le même espace ouvert (ou la même tension). Mais elle l'est tout autant dans les écrits de Eisenstein, dans l'intérêt qu'il lui porte. Raison pour laquelle je crois que notre piste est bonne. CQFD le loup ? :lol
je rajoute ceci : qu'il y a liu de réfléchir entre une espace tendu, et un espace non tendu. Entre une figure pleine quasiment sans hors champ et une figure qui ne fait qu'appller le hors champ. Une figure qui serait comme le contour du désir. Si bien que l'quivalence la renarde = la ligne horizontale, le blanc et l'allemand, n'a pas de valeur en tant qu'équivalence. Mais elle l'a dans la mesure où elle veint supperposer les deux notation du désir dans le film : le désir infinement différé pris dans la rivalité de la relation des 3 héros russes (2 hommes une femme). Et la notation d'un viol punitif entre les deux camps. L'invasion est un tel viol dont l'espace est en effet le signifiant.

Je dis ceci peut importe que nos hypothèse soient grotesques (comme celle d'associer cet ouvert à la chatte de la renarde oupssss) comme tendrait presque à nous le dire S. Bouquet. Nous sommes définitivement guignolesques !! et c'est comme ça que nous inventons la poudre de perlimpinpin aussi bien que la poudre à canon - ou la théorie de la relativité. L'excessif chez Ei(sen)stein fait partie de son génie narcissique autant que son génie réel. N'importe quoi ce matin. Prenons ça comme brouillon matière de réflexion future.

M’intéresse notamment ce que l'on pourrait me dire sur le vide, l'orient le Kabuki. Ainsi que l'équation que l'on pourrait faitre avec la musique de Prokofiev : comment on y trouve ou pas une traduction musicale. C'est plus complexe mais c'est cela que je voudrai articuler. Il faut projeter à mon avis l'extrait de la Bataille des glaces sans le son pour commencer à le comprendre.