Séance du 20 avril à Bottière (19h30)

« Entre nos mains »

Réalisé par Mariana Otero - 2010  
 Durée : 1h28

Un des grands films de cette année..  
qui donne autant la pèche que les fictions de Ken Loach, mais cette fois sur le plan du réel.             


L’entreprise devient un petit théâtre où se jouent sur un ton
espiègle, entre soutiens-gorge et culottes, des questions fondamentales économiques et sociales. Les salariés découvrent dans une aventure collective une nouvelle liberté.

Débat : "reprendre la main sur ce qui nous entoure, affaire de personne ou de collectif ?"

Commentaires après le film : 
           
Marie  
 Ce film montre le combat en collectif de salariés(es) pour créer une SCOP. Débat super enrichissant ensuite. Ce qui marqué dans ce film, c'est que grâce à leur lutte pour conserver leur boulot ces femmes (ayant beaucoup d'humour et une grande simplicité) retrouvent peu à peu, malgré des"hauts et des bas", la solidarité entre elles. A la fin du film, elles partent la tête haute," pleine de dignité, et retrouvent aussi leur liberté.

Michèle 
Ce fut un débat plein de douceur comme l'air ambiant. Ces hommes, et ces femmes surtout, ne nous auraient-ils pas comme par magie insufflé leur volonté farouche d'être ; mais sans une once d'agressivité ; par la parole et par les actes ? Autorité et dignité retrouvées lentement mais pour toujours ; confiance en soi.

Je considère que cette bataille menée n'est pas perdue ; elle va au-delà de la lutte pour conserver son outil de travail et son salaire. Elle nous concerne tous, nous sommes pour la plupart confrontés à cette question : comment exister au travail ?
Quelle est la part de considération que l'on nous accorde ? Ce mot " accorder" me fait frémir car la considération ne s'octroie pas, elle devrait être naturellement.

Je pense à Sylvie qui bosse à l'usine et se réjouit d'un samedi après-midi en compagnie d'une copine volé sur le temps du ménage ; sa collègue Catherine lui répond : " Nous les femmes , notre destinée c'est cela, le ménage, le travail, les enfants etc.". Quelle résignation ! Je me suis plu à penser que l'expérience de la tentative de SCOP fera que ces femmes-là ne seront plus résignées à ce destin et qu'elles rueront dans les brancards, gentiment mais fermement, au sujet du rôle domestique qu'on leur assigne et qu'elles croient irrémédiable.
Merci à Alain pour les informations au sujet de la formation que reçoivent les personnes intégrant une SCOP, je l'ignorais et cela m'a rassurée car hier, en les voyant réfléchir, démunies souvent, ayant peur de se faire avoir par manque de connaissances suffisantes, je me suis révoltée intérieurement. Elles sont loin d'être des idiotes les fourmis qui passent chaque jour les portes des usines !

Michèle  
J'oubliais : la construction de ce documentaire m'a réjouie et jamais je n'oublierai la fin qui participe pour une grande part au fait que nous sortons réjouis de la séance malgré la gravité du sujet. Bon j'arrête mon bla bla ; j'ai du travail moi et du repassage à faire en rentrant !! oui, paraît que je suis une femme !

Alain 
Ce film fait événement et restera dans l'histoire du cinéma. Pas seulement pour sa séquence finale - d'anthologie.

Le tournage a été l'un des facteurs de confiance des salariées. Il a une implication directe sur leur aventure. Ce n'est pas un film "sur". C'est un film "avec".

Il se situe dans une nouvelle "donne" politique que nous cherchons à tâtons. Qui n'est plus "idéologique" - au sens ancien de l'application sur le terrain d'une idée déjà formulée ailleurs, comme le communisme par exemple l'a été.
exemplaire ce film : il fait de ce combat un exemple d'appropriation de la vie qui s'adresse à tous le monde. Alors que cette appropriation, est une nécessité et une exigence.
Cette solidarité retrouvée à l'échelle d'une entreprise se met en écho avec toutes celles qui sont menées partout.

En écho ?! Par exemple nous pouvons mettre la séquence musicale finale de "entre nos mains" en écho avec la chanson d'une petite fille tunisienne mise en ligne sur face-book - chanson qui soutient le mouvement d'émancipation tunisien grandiose et qui n'est pas terminé.

Pour ceux que intéressent la chanson "Zaba le mafiozo" de la petite tunisienne ici  
(Zaba c'est le surnom de Ben Ali) :

Agataha J’ai trouvé que la prise en compte de l’intime de ces femmes à des degrés divers donne au film une fraternité : elles sont mes sœurs : intimité du corps, Noemia a travaillé là de « la puberté à la ménopause », les maris sont présents et l’intimité du couple on la sent, leur repas aussi : chacune a un peu de chez soi qu’elle mange tranquille en elle-même ou avec d’autres. C'est la justesse du film que je retiendrais. C'était bien de le revoir.


Mariana Otero :
"En suivant l’évolution de leur projet, avec son lot de rebondissements parfois drôles parfois dramatiques, je me rendais compte que le film allait aussi, au-delà du politique et de l’économique, raconter la liberté reconquise par ces salariées, leur liberté de parole et de gestes, leur bonheur de pouvoir se raconter, de se réapproprier le récit, chacune à sa manière."  


On suit la piste du cinéma d'intervention sociale. Le doc est ici au moins aussi puissant que la fiction. Un film extraordinaire dans le monde ordinaire.


Accès :
148 route de Sainte Luce à l’angle de la rue du croissant et de la route de Ste Luce , le grand bâtiment en bois - à 100 mètres de la station d'essence).

Bus ligne 11 Arrêt Bois Robillard
Tram ligne 1 Arrêt Souillarderie.